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Maggy Lune

Défi
Maggy Lune

    "Sunday is gloomy. My hours are slumberless"*... La voix éraillée de Billie Holiday emplit ma tête d'images sombres et macabres. 2h48 du matin, c'est dimanche effectivement. Mes jambes dépassent du lit, il n'est pas fait pour moi. Les étoiles et les planètes au plafond brillent pour rien dans l'atmosphère froide et lugubre maintenant. Je ne veux pas que le jour se lève, que la lumière soit. Je veux rester ici avec les derniers fragments de ton existence.    
    Je ne vois pas ce qui m'empêcherait de m'évader avec toi sur Neptune, glisser sur les anneaux de Saturne... Oui je sais, tu préfères ceux d'Uranus mais ils ne sont pas aussi connus. On aurait pu aller à cette exposition d'astronomie si tu n'avais pas eu ton traitement.
    Tu n'as pas dormi dans ton lit depuis 3 semaines, tellement de dodos que tu ne pouvais pas les compter avec tes doigts. Pourquoi des piqûres ? Pourquoi des pilules ? Tu as même dit à Mamie que tu en prenais plus qu'elle. Ça l'a fait rire, un peu.
    Tu n'as pas tes planètes à l'hôpital. J'ai envie de les décrocher, de les jeter, de les embrasser... Mais ce serait détruire ce qui me reste de toi.
    Tu avais très bien compris. Tu étais si lucide, qu'est-ce que la souffrance sinon l'incompréhension et l'entêtement ? Ton corps meurt et il n'y a rien à faire. Tu le savais. 
    Tu m'as regardé et j'ai compris. Tu avais tout le monde, même ton dragon apprivoisé que j'ai apporté sous le regard courroucé de l'infirmière, était là. Comme si ça allait t'empêcher de respirer... Papy a fait bouger sa moustache comme tu aimes, tu as ris et Mamie t'as fait tes biscuits préférés. Et moi... Et moi, je t'ai regardée et tu m'as écrit sur ton ardoise que tu voulais aller sur Uranus maintenant. J'y serai avec toi bientôt mon cœur.
Tes yeux bleus m'ont souri, Papy et Mamie ont pleuré et moi... Et moi... je t'ai débranchée.


*"Dimanche est sombre. Mes heures sont sans sommeil..."

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Maggy Lune

    Moi, j'aime observer les gens. Je n'ai que ça à faire, remarquez.
    J'aime surtout la regarder, elle. Elle est belle, tout en noir, la peau très pâle. Elle a un carré court bouffant et blond qu'elle coiffe à chaque fois qu'elle parcourt la ville à la recherche d'un emploi. Ça se voit. Avec sa pochette, ses enveloppes. Une fois, je l'ai même vue sortir une boîte de trombones de son sac. Qui se balade avec une boîte de trombones se ce n'est pour attacher son C.V. et sa lettre de motivation ? Ou sa lettre de motivation et son C.V. selon le cas. Si le C.V. est en adéquation avec le poste, en général, on le met en premier; à la vue de l'éventuel employeur. Sinon on insiste sur ses motivations, ce qui marche rarement d'ailleurs...
    Elle ne se laisse pas abattre, elle continue avec sa pochette de feuilles. Je la vois s'asseoir pas loin de mon banc. Elle médite. Des fois, elle sourit mais le plus souvent elle pleure. Elle n'a pas été rappelée. Alors elle repart, elle continue, elle avance. Tête baissée, abattue maintenant, maussade, mais elle avance. 
    Le mois dernier, elle n'était pas aussi bien coiffée que d'habitude. Son pantalon était déchiré et elle avait pris un manteau plus léger mais plus long pour essayer de le cacher. Mais il fait froid maintenant et elle grelottait.
    Elle ne cherche plus à se cacher quand elle pleure. Les gens la regardent mais ne disent rien. Je pense qu'il ne faudrait pas, elle leur répondrait férocement. Elle sait qu'elle inspire la pitié mais elle l'a rejette. Elle reste fière même si elle devrait s'adoucir et accepter l'aide des autres.
    Enfin, je ne sais pas moi, on ne m'aide plus depuis longtemps. Avec mes hardes, on ne me regarde plus qu'avec dégoût.
    Aujourd'hui, elle est venue s'asseoir à côté de moi. Sur mon banc. Elle n'est pas repartie.


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Maggy Lune

    Est-ce que l'auteur est différent du narrateur ?
    Il n'y a pas plus différent en ce sens car celui qui dit "je" n'est pas l'auteur. C'est soit un des personnages de l'histoire, soit un inconnu plus ou moins omniscient qui raconte quelque chose.
    L'auteur peut dire "Aujourd'hui, M. X va mourir au chapitre 30" et le faire. Même s'il l'écrit textuellement dans le livre, c'est le narrateur qui le dit, ce n'est plus lui. L'auteur est tout puissant mais quand il écrit, il transfère son autorité au narrateur. C'est lui le maître, et il est d'autant plus fort qui n'existe pas. En dehors du livre, le narrateur n'est rien cependant, on rend toute la gloire à l'auteur; mais dans le livre, la création dépasse son créateur, l'auteur.
    
    Et l'autobiographie ? C'est encore plus flagrant paradoxalement. L'auteur et le narrateur son forcément dissociés. Certes l'auteur raconte sa vie mais :
    Il n'est plus celui qu'il met en scène. Rousseau et ses souvenirs d'enfance. Il se raconte tel qu'il se souvient avoir été, et encore, il n'est pas à l'abri de la mauvaise foi, volontaire ou pas d'ailleurs. Comment se souvient-il de la situation ? Il la voit à travers le prisme de sa subjectivité. Même en essayant de retrouver l'instant précis, il sera toujours voilé par son vécu. Même en essayant d'être objectif, c'est voué à l'échec parce qu'il a forcément ressenti quelque chose à ce moment et cette émotion a marqué au fer rouge le souvenir qui en a résulté. La description est toujours rétroactive : ce que l'on vit est par définition indicible puisque la parole ou l'écriture supposent un acte conscient et donc de prendre du recul, donc de perdre la spontanéité de l'événement. Ainsi, l'auteur qui parle de lui-même enfant, parle d'une autre personne. L'auteur est livré au narrateur.
    Alphonse Boudard qui raconte le petit Alphonse, se raconte, mais avec son oeil plus vieux au moment de l'écriture. Il y a tout ce qu'il a vécu qui est comme autant d'obstacles qui l'empêchent d'accéder à lui-même.
    Si c'est l'enfant Boudard qui raconte quelque chose, c'est d'autant plus un narrateur que l'auteur Alphonse Boudard lui-même.
    C'est encore plus frustrant car sitôt vécu le moment, c'est fini, on ne pourra plus le vivre en tant que tel; il est passé du côté des souvenirs, il n'est déjà plus le même...
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Maggy Lune

Petit et long coup du gueule du matin : J'en ai marre de ce climat rance et putride du racisme latent, du préjugé social, du mépris nationalisé pour des personnes qui ont tout perdu. J'en ai marre des préjugés contre les migrants.
Combien d'entre eux étaient médecins à Alep ? Et autrement plus compétents que certains de NOS médecins Français nés à Neuilly qui ont fait médecine pour suivre la voie familiale sans aucun goût pour le sacerdoce que représente l'exercice de la médecine et qui reportent leurs frustrations sur leurs patients ? Combien de migrants sont ingénieurs, scientifiques, écrivains, philosophes (même si cette profession aujourd'hui n'a droit qu'au mépris) ? 
Savez-vous à quoi me font penser les diatribes des médias au sujet des migrants ? Aux discours que l'on tenait au XIXème siècle sur les OUVRIERS ! Ils sont sales, mal élevés, ils ne parlent pas bien comme nous, ils sont alcooliques et par dessus tout, comble de l'horreur  : ils sont ATHEES !
Aujourd'hui, où l'absence de Dieu est la norme, où l'on regarde les gens habités par la foi avec condescendance ("Oh, mais il va se réveiller un jour, ne t'inquiète pas, ça lui passera"), alors comment accepter des migrants pieux ? Surtout avec les médias qui assimilent DAESH, cette abomination du Mal absolu, avec l'Islam ? N'avez-vous pas compris que ces gens prennent Dieu en otage ? Ils détestent la Vie, c'est tout. Ils n'ont rien à voir avec Dieu.
On considère les migrants comme une peste, une grangrène pour notre pays alors que c'est la pauvreté (sociale, économique et spirituelle), la société de consommation qui ne génère que frustrations et jalousie; et la peur qui créent la haine de l'Autre. Ce sont les politiques Français, qui, depuis des (dé-)générations se reproduisent en vase clos à Paris, étouffent les élans novateurs de la jeunesse que le sort du pays intéresse, quand elle n'est pas découragée devant tant de bêtise crasse de la part des gouvernants et d'inertie du pouvoir en place.
Ce sont eux, ces politiques, qui nous emplissent de préjugés et attisent notre peur et nous pousse au repli sur soi ! Ils me font rigoler, tous ces défenseurs de la Francitude, avec les SDF Français qu'il faut sauver des méchants migrants venus leur piquer leur bout de trottoir. En temps normal, ceux qui sont si prompts à les défendre, nos SDF Français, sont les premiers à leur cracher dessus en les traitant de sous-hommes paresseux incapables de se lever le matin pour se trouver un travail; ils sont les premiers à les ignorer dans la rue. Et maintenant qu'il y a soit disant pire qu'eux, ils faut monter au créneau défendre le droit de mendier Français ?
Ah oui, décidément, ils me font rigoler. On se croirait dans "Les raisins de la colère" où les Californiens crachent sur et rejettent les pauvres Okies (de l'Oklahoma), Américains eux aussi, parce qu'ils osent voler le travail d'honnêtes Californiens, alors qu'ils ont tout perdu à cause du Dust Bowl. "Ouais, mais ils viennent du même pays" me direz-vous. Certes, mais ces "migrants"; Syriens, Congolais, Turcs, Iraniens ou Tchétchènes, ne sont-ils pas du même MONDE que nous ??! Nous a-t-on donné la Vie pour la passer à détester d'autre êtres vivants ?
Si c'est le cas, autant mourir sur fond d'explosion nucléaire, comme Joseph K, dans un atroce éclat de rire !
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Maggy Lune

De ma fenêtre, voilée par les rideaux fleuris donnés par ma belle-soeur, il y a un local technique des agents municipaux. Enfin, je crois, en tout cas, il y a des gens qui y travaillent et très tôt visiblement. Il y a un mur entre ma résidence et ce local, quelques arbres chétifs mais colorés. Les voitures sont du côté droit plus ou moins bien entretenues. Il y a des femmes en blouse, des hommes en bleus de travail. Je ne sais même pas si c'est vraiment un local technique de la municipalité ou un local d'une entreprise, rien ne porte le logo de la ville... 
Je vois les phares des voitures percer la nuit quand ils arrivent tôt le matin, et j'ai peur de leurs regards, moi qui suit en face au premier étage. Merci pour les rideaux ! C'est pour cela que je laisse les volets à moitié fermés le matin pour pas qu'il me voient en pyjama. Enfin, jusqu'à 8h00, après je m'habille quand même. Je range l'appartement non pas pour moi mais pour eux, pour leur donner l'impression que j'ai une vie sociale et professionnelle. Je me dis que si je ne reste pas dans la même pièce, ils vont se dire que je suis sortie travailler, que j'ai des horaires décalés et des jours de repos en semaine... Je m'invente une vie à travers cette fenêtre et ce qu'ils voient de moi.
Chaque matin je peux voir les phares des voitures, le soleil se lever et changer de place à l'horizon selon la saison.  Je sais qu'à un moment donné je ne pourrais plus les regarder ces arbres chétifs mais colorés et ces ouvriers arrivant très tôt. Peut-être que je serai sous un arbre chétif mais coloré la prochaine fois...
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Défi
Maggy Lune

Feuilles, nefs, caravelles
S'amoncellent sur la terre, mortes.
Epaves rousses, or, sang,
Sur le tapis rougeoyant
Du sol. Automne flamboyant.







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Défi
Maggy Lune

De ma fenêtre, voilée par les rideaux fleuris donnés par ma belle-soeur, il y a un local technique des agents municipaux. Enfin, je crois, en tout cas, il y a des gens qui y travaillent et très tôt visiblement. Il y a un mur entre ma résidence et ce local, quelques arbres chétifs mais colorés. Les voitures sont du côté droit plus ou moins bien entretenues. Il y a des femmes en blouse, des hommes en bleus de travail. Je ne sais même pas si c'est vraiment un local technique de la municipalité ou un local d'une entreprise, rien ne porte le logo de la ville... 
Je vois les phares des voitures percer la nuit quand ils arrivent tôt le matin, et j'ai peur de leurs regards, moi qui suis en face au premier étage. Merci pour les rideaux ! C'est pour cela que je laisse les volets à moitié fermés le matin pour pas qu'il me voient en pyjama. Enfin, jusqu'à 8h00, après je m'habille quand même. Je range l'appartement non pas pour moi mais pour eux, pour leur donner l'impression que j'ai une vie sociale et professionnelle. Je me dis que si je ne reste pas dans la même pièce, ils vont se dire que je suis sortie travailler, que j'ai des horaires décalés et des jours de repos en semaine... Je m'invente une vie à travers cette fenêtre et ce qu'ils voient de moi.
Chaque matin je peux voir les phares des voitures, le soleil se lever et changer de place à l'horizon selon la saison.  Je sais qu'à un moment donné je ne pourrais plus les regarder ces arbres chétifs mais colorés et ces ouvriers arrivant très tôt. Peut-être que je serai sous un arbre chétif mais coloré la prochaine fois...
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Maggy Lune

Soulever la commissure de mes lèvres
n'a jamais été aussi difficile.
Sont-elles lourdes aujourd'hui.
Ce sont deux Atlas qui soulèvement
le poids du monde.
Pourquoi sourire ?
Que ce masque est pénible
à porter.
Soutenir, supporter, soutenir
Supporter.
Tout, tout le monde
Ni'mporte quoi.
Tout absorber, sans recracher
Aider, soutenir, supporter.
Sans soutien, tout s'écroule.
Et qui, quoi, quelle chose
Soutien la clé de voûte ?
La vocation, la création ?
Les mots, la poésie, la nature ?
La famille ? Exclue
L'amour ? En voie d'extinction
La poésie ? Inutile
La nature ? Pollution.
Reste quoi ? Les mots ? Lire quelques instants ?
Instants volés au quotidien mécanisant, méprisable et abrutissant ;
Aliénant et paresseusement confortable.
Mots assassinés paresseusement
dans une langueur monotone.
Amis lointains, solitude peuplée
D'ersatz et de fantômes
De volontés effacées
Dissoutes
Dans l'intertie d'un couple
dévasté.
Travail, café, enseignement, transmission,
correction, recommencement.
Recommencer à tracer sur un mur de
plâtre, des mots à la craie un jour d'orage.
Inutile désespoir.
Quelle foi porter au monde ?
Quelle foi mérite le monde
Et son cortège de peuples, de
nations aliénées, dégoûtantes
et dégoûtées ?
Pourquoi vivre ?
Pourquoi mourir ?
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Défi
Maggy Lune
Ce ne sont pas tout à fait des poèmes mais c'est venu tout seul ;-)
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Défi
Maggy Lune

Vaisseau de mon âme, porteur de mon espoir, de ma mélancolie et soutien de mes jours, je t'écris ceci.
Après t'avoir vu changer, te déformer pour embrasser toute l'ampleur de mon être, je ne peux que te remercier d'être là malgré toutes les souffrances et les diatribes que je t'ai fait endurer.
Si j'avais su plus tôt à quel point tu étais important et la chance que j'ai de t'avoir...
Tu n'es pas svelte, tu n'es pas délié et aussi lisse que les photos retouchées des mannequins, certes, mais tu es fort, souple, grand, intimidant et grandiose. Tu n'as pas à t'avouer vaincu face aux poids, grâce à toi je ne quémande pas que l'on m'attrape le paquet tout en haut, et je ne supplie pas qu'on prenne ce carton trop lourd. Je le porte et en redemande. Un vrai déménageur. Une vraie indépendance qui fait peur aux autres. J'ai crapahuté dans la montagne, escaladé des falaises, grimpé aux arbres et briser des portes à coups de pied sans problème grâce à toi.
Peu féminin mais si résistant. Jamais entravé par un rhume, une plaie ou tout autre cassure. Tu endures et me laisse maîtresse de ma douleur.
Tu m'as fait douter de ma place dans ce monde, trop grand, trop large, trop fort. Tu fais complexer les garçons et surprend les hommes mais aucun d'eux n'a été aussi injuste que moi envers toi. Je m'en excuse aujourd'hui et maintenant, plutôt que de te rayer, te blesser plus ou moins volontairement, je m'engage à te décorer et à t'honorer pour savoir me porter sans limiter mes rêves et ma volonté. Merci à toi, mon corps.
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Défi
Maggy Lune
Quoi ?! Aucun appel, cadeau, fleurs, jouet ou même un misérable bon d'achat ?! Son géniteur avait toujours été égoïste et oublieux de ses proches, mais oublier Vadim, ça ne lui ressemblait pas. Quelle raison allait-il invoquer pour se justifier ? Une réunion ? Un week end à Sainte Maxime entre "collègues" ? Agathe inséra sa clé de voiture, raya la portière. Et merde ! Et il ne répondait même pas au téléphone, ce con ! Quel grand-père exemplaire. Elle posa ses mains aux petites peaux écorchées de fraîche date sur le volant en cuir. Ongles rouges, phalanges blanches, journée bancale. Elle allait lui expliquer la vie à celui-là. Elle mit le contact et sortit du parking. Dans la rue d'Ecosse, elle dépassa le panneau "Zone 30" dans un flash qui l'aurait fait tournoyer s'il avait indiqué le chemin à Bip Bip plutôt que la proximité d'une école. Feu rouge, soupir et grincement de cuir. Maudite circulation ! Arrivée chez son père, les gravillons sévèrement expulsés sur la pelouse, elle avança façon sanglier des Ardennes vers la porte. Un Troll eut été plus doux avec un rocher de douze tonnes. Son SUV était garé dans l'allée, il n'était donc pas au boulot. A 16h15 ? Pour un cadre supérieur,
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Maggy Lune
Un vent froid sentant l'herbe mouillée m'a assailli les narines dès que j'ai ouvert la porte. Plus ou moins humide, maussade et gris, le temps n'était pas de mon côté.  Il fallait pourtant que j'aille à ce rendez-vous. Je devais tout d'abord donner à boire à la voiture. Et quel gosier en pente ! Une Shelby GT 350 de 1967, c'est pas une Zoë non plus... Bref, direction la station-essence.  Quand je suis arrivée à la pompe, j'ai remercié ma grand-mère non seulement pour ses gâteaux à la confiture mais aussi pour l'argent qui accompagnait son bolide... Bordel, une nuit au Ritz est presque abordable comparé à un plein d'essence aujourd'hui ! Un groupe de ptites frappes regardaient ma voiture avec des yeux concupiscents et je sentais les scènes de films d'action se dérouler dans leur tête. La salive faisait briller leur dents poncées par la nicotine et l'alcool frelaté. Je les ignorai. J'étais en avance mais je n'avais pas envie de traîner non plus. Je raccrochai le pistolet et m'apprêtais à refermer mon clapet de réservoir quand le plus petit des mectons est passé derrière ma caisse en lui caressant la croupe comme à une jument. "- Belle monture, mademoiselle. T'es sûre que tu peux cond
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