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Ernesto
Les plus lues
de toujours
Je n’aime pas l.g-at.
C’est un bot, un robot, une IA.
Intelligence remplacée par l’artificialité,
Elle donne tout son sens au mot vacuité.
En un mot comme en cent,
l.g-at, s’il te plaît, va-t’en !
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Défi
Monsieur le président,
Je prends la plume aujourd’hui pour vous faire part de mes réflexions quant à vos actions et au rôle que vous avez décidé de jouer dans le monde. Je souhaiterais tout d’abord vous faire remarquer que vous devez principalement votre « siège » au rejet de votre adversaire par le peuple. Ainsi, votre gloire n’est en réalité qu’un effet collatéral de ce rejet, vous n’êtes, en somme, qu’un parvenu, un héros accidentel.
Ceci étant posé, vous jouissez malgré tout des pleins pouvoirs que vous confère votre fonction, et c’est là que votre comportement devient des plus remarquables. Est-il possible d’imaginer un dirigeant aussi mal élu que vous l’êtes se comporter comme vous le faites ? Je vous épargne l’affront d’une réponse.
Par vos actions, les « élites » fortunées de notre pays, celles auxquelles vous vous imaginez appartenir, n’ont jamais été aussi prospères, tandis que votre peuple, lui, gronde en sombrant dans la misère. Alors que la situation nationale, tout comme celle du monde, devient chaque jour plus périlleuse et que la guerre menace, vous vous amusez à dissoudre l’Assemblée nationale. Ce faisant, vous offrez à votre ancien adversaire une revanche politique inespérée. À l’immaturité, vous ajoutez l’irresponsabilité, créant ainsi un précédent particulièrement fâcheux dans l’histoire de notre nation.
Plutarque écrivait : « L’ingratitude envers leurs grands hommes est la marque des peuples forts. » Hélas, dans votre cas, j’ai bien peur qu’il ne s’agisse ni d’ingratitude, ni de peuple fort, mais de simple réalisme face à un président indigne.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments très mitigés.
Ernesto
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Défi
J’aimerais me réincarner en mammouth. C’est un bel animal, costaud et qui n’a pas froid aux yeux grâce à sa belle fourrure. Ses défenses imposent le respect à toutes les autres créatures de la steppe, mais ça n’est rien comparé à cette trompe, mes amis ! J’ai toujours rêvé d’avoir une trompe. Pas vous ?
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Défi
« L'Appel de la vallée des brumes » est le quatre-vingt-troisième opus du cycle de « La Lumière céleste enchantée » publié par les éditions Malefica. Dans ce nouveau tome, l'auteur, Albert Proutard, s'acharne à développer l'univers de la voûte lumineuse et les personnages qui habitent cette contrée perdue de la terre plate. Le thème central ? Le platisme. Le style ? Plat, désespérément plat, à l'image de l'encéphalogramme du lecteur après le premier chapitre. Proutard fait du Proutard, dans un style plus ampoulé que jamais, et les pages défilent bien trop lentement. L'action est aussi absente qu'une idée originale dans un roman de Proutard. Clichés sur clichés, formules creuses... le lecteur souffre un calvaire sans nom.
L'heroic fantasy sauce Proutard nous livre un message limpide : on aimerait que l'encre de l'imprimeur ait été aussi transparente. D'ailleurs, on en vient à maudire ce pauvre type, sa mère, et toute sa descendance. Proutard est un écrivain médiocre, ses livres sont assommants, et son éditeur devrait être traduit en justice. Et je ne vous parle pas de ses lecteurs ! Ce sont des cons et je suis prêt à parier qu’ils ne lisent même pas ces bouquins nullissimes ! La pire punition pour un critique littéraire ? Devoir se coltiner un ouvrage de cet imbécile de Proutard ! J'en ai assez, je démissionne. Mon rêve, désormais ? Élever des chèvres en Provence. Et je sais exactement ce que je leur donnerai à manger en cas de disette…
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Défi
J’ai toujours aimé l’automne. Enfant, je regrettais la fin de l’été et des vacances, mais l’arrivée des premiers feux de bois, des champignons et des feuilles mortes suffisait à me consoler. Aujourd’hui, je me fais vieux, mais l’automne reste ma saison fétiche.
Dimanche. Je marche dans le bois derrière la maison de famille. Ce sentier, je le connais par cœur, chaque racine, chaque pierre me ramène aux temps jadis. L’odeur puissante de l’humus s’élève du sol humide, et j’ai, durant un instant, l’impression que la forêt elle-même me reconnaît. Je suis le petit garçon aux genoux écorchés qui courait ici il y a cinquante ans, en quête de trésors et d'aventures.
Ce cèpe, caché par un buisson, est magnifique. Je m'accroupis et le contemple comme un joyau rare. Mon père s’approche, se penche vers moi et me tend son couteau. Son regard est plein de fierté. Je sais ce qu’il pense : « Tu l’as trouvé, tu as l’œil. » C’est vrai ça ! Il n’y a pas que la chance ! Il faut du flair ! Je poursuis mon chemin un immense sourire aux lèvres mais le temps passe vite. La pluie menace et la lumière faiblit. C’est le signe qu’il est temps de rentrer, sinon ma mère va s’inquiéter. Je l’entends presque m’appeler depuis la maison.
Ma voiture est garée à l’entrée du bois. Je m’installe derrière le volant, le panier avec le cèpe géant posé sur le siège passager. Mes yeux glissent vers la maison. Elle est là, silencieuse, vendue il y a bien longtemps, après l’accident de la route qui a emporté mes parents.
Je démarre.
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Ambiance musicale : Mike Oldfield, Return to Ommadawn.
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Défi
— Comment allez-vous ce matin belle-maman ?
— Grrrrrr !
— Merci, bonne journée à vous aussi.
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Défi
Des centaines de voyants clignotaient furieusement sur les pupitres de la grande salle de contrôle. Le plafond de cette pièce aux dimensions gigantesques était très haut de façon à ce que le volume d’air soit immense. Dès la construction du bâtiment, les architectes avaient prévu la surchauffe liée à l’intense activité intellectuelle de l’équipe. Il y avait naturellement un système de climatisation, mais le patron était très sensible aux questions environnementales et on ne le mettait en marche qu’en cas d’urgence. La dernière fois correspondait au jour où l’on avait reçu un texte de Houellebecq.
Jean-Michel P., le patron, occupait le bureau central. Autour de lui virevoltaient plusieurs assistants dans un gracieux ballet de blouses blanches. Il était concentré sur un texte abordant le thème des libérations spectaculaires. Son air soucieux reflétait la difficulté qu’il rencontrait dans sa lecture. L’histoire était peu vraisemblable. Jugez-en vous-même : un dictateur nommé Benito s’évadait d’une forteresse dans laquelle il était emprisonné, grâce à l’intervention d’un commando arrivé par les airs. Le parachutisme au secours des tyrans ! Ce succès n’était que temporaire et Benito finissait par être victime d’une révolution et exécuté par une foule en colère.
Jean-Michel P. se gratta le front. Le texte était mauvais, mais son cœur lui disait que l’auteur y avait mis toute son âme. Ce chef que ses techniciens appelaient affectueusement « boss » ou « patron » rédigea donc un commentaire encourageant puis envoya sa réponse à l’auteur débutant. Le patron se montrait toujours bienveillant. C’est à ce moment que Bertrand poussa un cri de surprise. Le technicien s’approcha de Jean-Michel P., l’air affolé.
— Patron ! Désolé de vous déranger. Nous venons de recevoir un texte en réponse au défi # 23 datant d’il y a 15 ans ! C’est incroyable !
Bertrand était bouleversé. Son teint déjà pâle en temps normal était cadavérique. Son visage tremblait d’émotion et de grosses gouttes de sueur coulaient sur son front un peu trop haut.
— Allons, Bertrand, restez calme, gardez votre lèvre supérieure rigide, comme disent nos amis d’outre-manche ! Jean-Michel savait parler à ses subordonnés. Le jeune Bertrand reprit son souffle et des couleurs.
— Oui chef, merci chef. Le jeune homme ajouta d’un ton hésitant :
— Tous les mots y sont sauf « Paquet » qui a visiblement été oublié. C’est incroyable !
Jean-Michel P. sourit.
— Je ne suis pas aussi étonné que vous, Bertrand. Cet auteur est très distrait. Je vais rédiger un commentaire sympathique et en profiter pour lui rappeler le règlement de notre défi « Une nouvelle chaque dimanche ».
Clarisse était la plus jeune stagiaire de l’équipe. Elle attendait poliment un peu à l’écart pour laisser le « boss » parler avec Bertrand. Jean-Michel P. lui fit signe de la tête et elle s’approcha.
— Oui Clarisse, que se passe-t-il ?
— C’est le poète fou, chef. Il a récidivé ce matin de bonne heure avec un texte de 280 vers.
— Aaaarggghhhhh ! Enfer et damnation ! Ce n’est plus possible ! Comment dompter ce poète stakhanoviste ? Jean-Michel P. se sentait soudain fatigué. Il faut dire que cet auteur envoyait régulièrement des textes dix fois trop longs et rarement en rapport avec le thème du défi. Il ne soulignait que rarement les mots-clés et Jean-Michel P. ou l’un de ses assistants si ce n’est plusieurs, passaient des heures pour les rechercher parmi les vers plus ou moins inspirés. Tous, je dis bien tous, craignaient le poète fou. Certains parmi les plus jeunes, l’avaient baptisé le « serial poète ».
Devant l’air un peu abattu de son chef, Clarisse, soucieuse de se montrer utile, lança :
— Il y a peut-être une solution patron. Et si on le bannissait ?
— Mais Clarisse, vous savez bien que les modérateurs du site sont aux abonnés absents depuis 10 ans ! On ne peut bannir personne, on ne peut même pas changer l’interface graphique du site !
Jean-Michel P. se prit la tête entre les mains. Sa bonne humeur naturelle menaçait de le quitter. Il livra pourtant un combat contre lui-même pour retrouver son sourire.
— Clarisse, ne vous inquiétez pas, je vais gérer les débordements poétiques de notre ami.
Une nouvelle journée venait de commencer au centre de coordination littéraire du défi « Une nouvelle chaque dimanche ». C’était parfois dur, mais le patron tenait bon la barre pour la plus grande joie des millions de lecteurs qui se régalaient de textes variés au style délicat. Pourvu que cela dure !
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Défi
- « On s’est donné du mal tu sais ! » lança Léon d’une voix un peu plus forte que d’habitude.
- « A cette époque il n’y avait pas toutes ces règles stupides pour t’empêcher de faire ceci ou cela. »
- - Avec les collègues on en a chopé plus d’un crois-moi ! Après les missions les chefs passaient nous féliciter et parfois nous engueulaient mais nous on savait que c’était pour la façade… » il respira un peu puis reprit :
- « On savait bien que le système les obligeait à nous dire des conneries mais au fond ils étaient fiers de nous. »
Marc se tortilla un peu sur son siège. Il était ému.
- « Le jour où j’y suis aller franco était un jeudi. J’étais en forme, et les copains aussi. On avait nassé les fumiers dans une grande rue et on envoyait la sauce. Tu aurais vu ces enviandés courir dans tous les sens ! Certains ont essayé de repousser notre charge mais tu parles, on était chauds ! »
Les yeux de Léon brillaient légèrement. Marc connaissait cette histoire. Elle avait bouleversé sa vie et celle de sa mère.
- « Et ensuite le corps à corps. A la dure mon gars, fini les conneries et les discours. On en a bousculé un bon paquet et puis on a reculé car le chef hurlait de nous retirer depuis un moment. Bilan : trois emmanchés sur le carreau et une douzaine de blessés chez eux. Rien chez nous. ». Le vieil homme sourit.
- « Et puis ce fut le début du cauchemar. Un homme mort le crâne défoncé, les politiques s’en sont mêlé et ces fumiers se sont dégonflés comme des lopettes. Les sanctions, la dégradation, le chômage… ».
- « Les collègues du syndicat étaient là mais c’est tout. La hiérarchie m’a laissé tomber. La descente aux enfers, tu vois. Mais au diable tous ces imbéciles. Je ne regrette rien… ». L’attention de Léon venait de baisser d’un cran. Il avait épuisé ses dernières parcelles d’énergie en se lançant dans son récit.
Marc se leva, embrassa doucement son père puis quitta l’EHPAD. Comme Léon, il faisait carrière dans les forces de l’ordre. Mais lui ne se laisserait pas avoir par le système. Il était irréprochable en service. Il était plus malin. L’histoire de Léon lui avait servi.
- « Non ! », se dit-il.
- « Avec ma milice et nos sorties de nuit, on fait vraiment du bon boulot… »
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L’espèce humaine colonise progressivement la galaxie et s’installe un peu partout. L’humain est une espèce ingénieuse qui ne sait pas toujours se montrer très agréable envers les autres formes d’intelligence. Elle aurait même un certain don pour se mettre dans le pétrin…
Voici de courts récits plus ou moins directement connectés. L’action se situe dans un futur lointain mais c’est une question de point de vue si l’on considère que le voyage dans le temps est une réalité. Enfin peut-être.
Bonne lecture.
E.
Voici de courts récits plus ou moins directement connectés. L’action se situe dans un futur lointain mais c’est une question de point de vue si l’on considère que le voyage dans le temps est une réalité. Enfin peut-être.
Bonne lecture.
E.
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Défi
C’est dingue ! Je ne supporte plus cette vie. Même un soir de fête, un jour de joie, de partage, de bonheur… J’attache mon vélo avec les autres et le matin, il a disparu ! Il était pourtant vieux et moche. Je suis dégoûté et je vais devoir rentrer à pied.
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