
Léonard Maral
Les plus lues
de toujours
Défi
Au coin de la rue, il y a un salon de coiffure. De taille modeste, l'établissement au jeu de mots subtil propose pour prix modique, une coupe modique.
A côté du salon, il y a de la place pour se garer, mais c'est interdit ! Seulement pour les vélos ! Et ceci se situe en dehors de la ville d'Hidalgo.
Très bien, et l'érotisme ?
Devant le coiffeur, il y a un banc, et sur ce banc, ils sont deux.
Il y a quelques heures, ils ne se connaissaient pas, quelques instants après, ils s'embrassaient. Mais ça, avant d'arriver devant le coiffeur.
Dans un bateau, sur l'eau, près d'un grand pont. Lors d'une soirée comme une autre, pleine de musique, d'alcool, et de gens qui ne se connaissent pas, et d'autres qui ne nous intéressent pas.
Lui, il est venu avec un ami, et elle, sûrement aussi. Les deux amis resteront dans l'oubli !
Alors qu'alcoolisé, troublé, amusé, lui danse dans la nuit, c'est elle qui vient.
Elle est un drôle de vampire sympathique, qui s'approche agréablement pour lui mordre le cou.
Mais s'étaient-ils échangé un regard, un salut, une politesse ? Il avait bu, il ne s'en souvient plus.
Toutefois s'il ne s'en rappelle pas, il se rappelle sa petite tête bouclée, ses belles lèvres rosées, son cou délicat.
Il se rappelle de son pull, chaud, qu'elle portait près de sa peau. De son pantalon serré, mais surtout de ses yeux, bleus, bienveillants, doux. Et séduisants évidemment.
Le lieu de rencontre était fort accomodant pour se retrouver, mais plein d'autres personnages vivants, il ne faudrait pas abuser de leur hospitalité !
Ils sortent, mais dans la main, ou sur les fesses de l'un et de l'autre plus probablement. Ils se touchent, beaucoup et... non ? déjà ! Elle ouvre son pantalon !
Cher lecteur je m'y attendais car je sais ce que j'écris mais enfin tout de même, quelle indécence ! Ils sont à peine sorti de cette petite boite de nuit que déjà... mais non ! La voilà qui cherche dans le caleçon !
Elle cherche, elle trouve, il est très dur, elle est très douce. Mais enfin tout de même, juste devant le bateau, si quelqu'un aventurait son regard, il remarquerait aussitôt... Et pourtant cela se passe, cela arrive, cela est arrivé.
Elle manipule adroitement son membre raidi, d'une main délicate et ambitieuse, qui trahit son bel appétit. Il l'embrasse, évidemment, autant que faire se peut, et même mieux. Prises au corps, découverte des côtes, du bas du dos, de la chaleur des peaux... et tout ça devant le bateau.
Pourtant il doit rentrer chez lui; très soumise à ses désirs, elle veut l'accompagner.
Mais s'il n'était pas si jeune ! Si sa maison était libre ! Qu'aurait-il pu se passer dans cette nuit passionnée !
Doucement, en s'embrassant, en oubliant tous les passants, leurs pas les rapprochent de ce coin de rue, l'amour les fait voguer le coeur à nu.
Devant le coiffeur, il y a un banc, et sur ces bancs, ils sont tous deux, se carressant, ils s'aiment, c'est drôle parce qu'ils viennent de se trouver.
Les amoureux des bancs publics ne font pas que s'embrasser, leurs intimités se découvrent à leurs doigts animés, là comme ça, devant le coiffeur : elle approche ses lèvres à elle de son membre à lui.
C'est doux, agréable, et tranquille. Comme il fait bon de vivre à l'angle de sa rue, la nuit quand on aime une inconnue. Un passant les regarde, il marche à quelques mètres, et que veut-il ce malotru ?
Toujours des oiseaux pour voler près des amours, toujours des badauds pour regarder autour.
4
4
4
3
Défi
Il n'est pas 5h de cette douce matinée, que déjà je m'éveille, moi Franco.
On me dit souvent : "Franco, pourquoi ton poil est si brillant, tes yeux aussi perçants, ta queue si grande ?". A cela je ne sais que répondre, les mystères m'entourent.
...
Il est déjà 6h quand mon abruti d'humain a fini par lever son corps puant, il s'est enfin rappelé qu'il me servait de distributeur et je reçois ma ration de viande. Enfin, d'une viande minable et peu ragoûtante, on a ce qu'on mérite.
...
Que c'est bon d'être Franco le chat, je surveille l'appartement stupide, me fait caresser à l'envi, et des fois je vais voir Adeline la chatte des voisins.
Ou Marceline, ou Lucie, ou Monique, ou Fatou, ou Grisette, ou Olga, ou Mistigris, et quelques autres dont je n'ai pas retenu le nom.
...
Que c'est bon d'être Franco, le chat. Oui et d'ailleurs, parfois il m'arrive de me questionner, qu'est-ce au fond qu'être un chat ?
Nos ancêtres nous ont écrit nombre de textes - s'il ne fallait citer que Chekahuri Le Grimoire d'Istanbul qui retrace notre ascendance spirituelle aux Dieux des Lunes et autres astres -, et nos modernes n'ont cessé de creuser le sujet.
Mais moi Franco, je ne suis pas tant intellectuel que ceux-là, et d'ailleurs me presse mon premier rencard matinal.
...
Il est déjà 18h, et j'en suis désolé cher ami mais je n'ai pas eu le temps de revenir à toi.
Tu ne le sais peut-être pas, mais la vie de Franco n'est pas de tout repos. Beaucoup d'autres rencards ont suivi comme tu t'en doutes, j'ai pu récupérer quelques jolis poissons au passage, enfin je ne vais tout de même pas te conter la bagatelle.
A vrai dire, je n'étais pas bien sûr d'aborder un certain sujet, qui me tracasse au plus haut point ces derniers temps.
Pardonne ma plume malhabile, il se trouve que j'en dors moins bien, que j'ai peu mangé, qu'enfin mon poil me semble se ternir.
Oui parce qu'après tout, pourquoi ce besoin d'expression si tout se portait à son mieux ?
Pour ça, je laisserai les chats à lunettes se prendre la tête, j'ai un besoin urgent, il faut que j'aille aux toilettes.
Non je déconne, mais il faut en effet que je te parle de cet étrange phénomène qui se produit déjà depuis quelques semaines.
Voilà qu'un stupide humain puant, se baladant chaque soir impunément, ose regarder non pas devant, mais vers moi ! Franco le chat !
Oui tu vois, toi aussi tu t'offusques, mais ce n'est pas tout !
Cet hallucinant spécimen, il me salue même.
...
J'ai eu beau lire, et relire ce que je t'avais écrit, je ne fais pas lien avec le réel. Me comprends-tu ? Toi, tu devrais me comprendre, sinon je suis perdu... et je n'ai pas de puce GPS dans l'oreille, comment me retrouver ?
Mais voilà l'heure qui approche, je le sens, il devrait bientôt être là.
Oui, je sais ce que je dois faire, je connais ma mission, mon héroïque fardeau.
Quand il passera, et qu'il me verra, je l'observerai.
Signé Franco.
6
2
12
2
Dialogue d'un homme avec la lune.
3
3
13
2
Texte anarchique sur le temps, quel temps fait-il ?
3
2
8
2
Je pense y retravailler donc si vous avez des intuitions concernant la structure, des évasions poétique sur un thème, ce serait avec plaisir.
Et puis je remercie ceux qui vont lire, quel bonheur que d'être lu sans déconner
Et puis je remercie ceux qui vont lire, quel bonheur que d'être lu sans déconner
3
2
0
3
Poème court sur thématique zoo-urbaine.
1
1
3
2
Défi
Mais qu'est-ce qu'elle me raconte cette grosse folle ?
Le tour de la planète, j'ai pas compté, mais ça doit être hyper long. En plus, ça veut dire quoi, le tour de la planète ?
Est-ce que cette gourde croit sincèrement en l'utilité d'une telle entreprise ?
Pourtant avec elle, ça me dérangerait pas, ce voyage imbécile. On pourrait même le faire deux fois si elle veut, en vélo par exemple, ou avec une contrainte du style "interdit de manger du riz". Du coup en Chine ce serait hyper dur. Ou alors on le ferait mais plus vieux, en chaise roulante. Mais là ce serait encore plus long.
Je lui ai pas dit, mais s'aimer en enfer je crois qu'on y est déjà. En fait je suis pas si bête, elle voulait me signifier qu'on allait bien rire au dépend des autres puis qu'on verrait la suite.
Je crois qu'elle veut qu'on se la joue Bonnie and Clyde, deux criminels de l'amour. D'ailleurs, l'amour c'est presque toujours un crime non ?
2
3
2
1
Dans le village des Moukoumbé, près de Saint-Quentin dans les Yvelines, séjournent des milliers d'âmes bouillonnantes.
Tout au long de la journées, les Moukoum (à ne certainement pas confondre avec la patisserie), exhultent de leurs corps des travaux divers. Ils s'attelent à l'armement, le gonflement de grands oran-outans (des sculptures de baudruche), mais encore à bien d'autres menus amusements.
Au contraire des poissons, dont les vies se font et se défont dans le fond de l'océon, les humains violent le Soleil pour mourir sous la Lune.
Pour mettre un terme à cette mascarade, l'esprit Pastisseur (et non pas le pastissier, créateur des Moukoum), décida l'aventure de l'Arbre de pastis.
Alors une nuit, pleine de lumière des astres fantastiques, avec un peu de grillons et de moineaux qui se tourniquotent, paf la naissance.
Donc un arbre, ça demande quelques idées, et puis du bois un peu faut pas déconner, et de la sève enfin les feuilles.
Mais le lendemain de la naissance : rien.
Comment ça ? Eh bah oui, c'est-à-dire que sans les fruits ça ressemble à un chêne à peu près, ou à un bouleau, enfin ça a une gueule habituelle.
Alors pour casser l'habitude, le commun, l'usuel il nous faut le fruit.
Et le pastis, c'est pas liquide ? C'est là le problème de notre Pastisseur, il y avait pas pensé en écrivant son texte, attendez voir.
Eh ben non, avant que ce soit liquide en fait c'est un fruit, voilà comme l'Orange.
S'appellorio Pastos, voilà on l'appelle le Pastos. Alors on presse et ça fait du pastis.
Puis on revient à nos Moukoum, l'un deux s'appelle Geordino, il se lève comme il faut et devant lui : pouf, l'arbre a produit le fruit.
Bien, Geordino il comprend pas "comment ça, je connais pas ce fruit là, on dirait une poire mais avec une drôle de couleur !". Bon, alors il goûte.
"Eh mon cochon, dis-moi que ça c'est différent de tout ce que j'ai goûté jusqu'à alors !".
Ni une ni deux, il démarre en trombe ses petites gambettes pour alpaguer son collègue Clérikel et lui dit : "Oh viens voir par là, j'ai découvert un arbre très sympa !"
Alors Clérikel il s'en fout des arbres, donc l'autre il insiste : "Si si, tu viens ou je t'en colle une, je suis pas là pour négocier, tu verras ça vaut le coup !"
Bon, avec ces arguments compétents, comment échouer dans son affaire ? Clérikel comprend l'importance de la manoeuvre et il se rend sous l'arbre, récupère un petit pastos et puis se le fourre dans le gosier.
Suite à quoi, il s'exclame "Eh ben ça, c'est une belle découverte !"
Alors, ensuite peut-être qu'il se passera des aventures je n'en sais trop rien, mais voilà pour la découverte déjà.
1
2
0
2
Défi
L'ambiance est presque triste en cette matinée de novembre. Le peuple de Prenk est fatigué, des tempêtes, des pluies incessantes, du climat rugueux.
"Bande d'infâmes", grommelle une voix au fond de la pièce.
"De toutes manières, vous ne serez jamais content, vous ne serez jamais heureux, vous n'êtes que charogne à mes yeux. Et même si vous étiez mieux, je ne m'y intéresserais pas".
On se dit qu'il est de drôles de discours, qu'on préférerait entendre ailleurs quand dans la bouche d'Ardipu, président émérite de la République de Prenk.
"Ces pourritures je n'ai jamais pu les sentir, ils me montent si vite à la cervelle qu'on croirait un éclat de foutre à la gueule d'une blonde !". Je me permets d'intervenir dès à présent, en tant que narrateur infortuné, pour affirmer ma désunion avec les propos tenus. D'autant que mon ex-femme était blonde.
"Si j'en avais pas sacrifié autant dans nos jeux amusants, j'admet en toute franchise que je ne me lèverai plus de mon lit afin de leur faire tourner les caprices."
"Vous avez terminé vos éructations ?". Ici j'interviens également si vous me le permettez, autrement vous auriez des difficultés à situer ce deuxième personnage. Il s'agit d'Oldoisu, le secrétaire privé de Monsieur le Président.
"Oui merci Oldoisu, toujours présent pour servir de serpillère"
"C'est mon métier.", là dessus, une très belle révérence qui nous ferait penser à de très bon laquets du XVIIème. La tête est inclinée dans un respect subtil, le dos reste droit et ferme, et sa jambe gauche pliée nous fait sentir toute une poésie de la servitude.
"Très bien. Inutile de me rappeler l'ordre du jour, les appels sont clairs : le peuple exige sa fête. Alors très bien, excellement bien, et plus encore, on en sera pas à la première et les préparatifs sont engagés depuis de nombreuses années. Alors, j'irais bien boire treize bière et manger cinq chiens."
"Si Monsieur le Président, ou plutôt devrais-je dire son excellentissime", là dessus Ardipu acquiesce, flatté. "Je me dois de vous informer d'un léger désagrément, suite à l'intempérie d'hier soir."
"Ah, un désagrément ?". Il faut savoir ici que pour Oldoisu, la situation est complexe. Un mot de travers, il risquerait de rejoindre la bière avec les chiens.
"Je prie son altesse de pardonner ma fougue, toutefois je ne peux cacher à votre entendement que la Tempête Volkonsa a décimé l'aile Ouest de Pitriusk. Ce qui nous amène à notre nouvel ordre du jour : Il faut trouver un nouveau lieu pour les réjouissances."
Ici s'arrête mon histoire, qu'arrivera-t-il à Oildoisu ? La fête aura-t-elle lieu ? Est-ce qu'Ardipu est un nom convenable pour un président ?
1
2
0
2
Vous êtes arrivé à la fin