Eellva
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de toujours
Ceci est l'histoire d'une petite ville, d'un petit lycée, et d'un grand malheur.
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Défi
Recueil de nouvelles en réponse au défi "Le jeu des micronouvelles"
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La jeune fille leva les yeux vers l'arbre la surplombant. Les petits fruits bruns lui rappelaient le regard de son père lorsqu'il lui avait annoncé sa maladie. Frais, délicats, fragiles, et surtout éphémères.
Elle sourit. La fin était si belle.
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Défi
L’aube pointait doucement le bout de son nez, et les rayons encore pâles de soleil illuminèrent la petite maison. A l’intérieur, l’homme fixait le plafond. Il se leva lentement, prenant le temps de réveiller son corps après cette nuit de sommeil. Il entra dans la pièce principale et s’assit à la table. Il fixa la forêt à travers la petite fenêtre en face de lui. Une longue journée s’annonçait.
Après un long soupir, l’homme se leva et alla chercher à manger.
Puis il sortit dans le petit matin, profitant du calme de la forêt encore ensommeillée. Le doux soleil ne parvenait pas encore à dissiper les nappes de brouillard, et les animaux nocturnes profitaient de leurs derniers instants de liberté avant de devoir aller se coucher.
Il continua son chemin, laissant derrière lui les lucioles et les papillons de nuit.
En s’éveillant, la forêt commençait à bruisser de tous ces sons feutrés, qui laisseraient bientôt place à la charmante cacophonie des animaux plus grands.
Il s’immobilisa soudain. Devant lui se déroulait l’incroyable spectacle d’une mère allaitant son petit. Cette image, et la tendresse qui s’en dégageait, lui fit monter les larmes aux yeux. Mais la biche le repéra, et s’enfuit avec son faon.
Il soupira.
Il profita de cet arrêt pour cueillir des fleurs sauvages. Roses, œillets et brins d’herbes mêlés formeraient un fantastique bouquet, à la fois plein de vie et de douceur.
Puis il recommença à marcher, inlassablement. Vint l’heure du midi, mais il ne s’arrêta pas. Il frôlait les arbres, profitaient du sentiment d’éternité que lui procurait la forêt, si sauvage et pourtant si ordonnée.
Il croisa bientôt la route d’un petit ruisseau, dont le doux clapotis semblait chanter. Il s’arrêta sur sa rive et ôta ses chaussures. Ses pieds, fatigués d’avoir tant marché, étaient légèrement gonflés. Il les plongea dans l’eau fraiche avec plaisir. Aussitôt, des petits poissons se massèrent autour de lui afin de manger ses peaux mortes, le chatouillant et arrachant ainsi son premier sourire.
Mais il bougea et, aussitôt, tous les poissons s’enfuirent loin de lui, à l’image de la vie qui s’échappe sans qu’on ne puisse rien n’y faire.
Il profita encore un peu des bienfaits de l’eau courante sur ses pieds. Le soleil, filtré par les branches des arbres autour de lui, tombait directement sur son visage, réchauffant doucement son corps et son âme. Le visage levé, l’esprit grand ouvert, il était là, comme une ombre anonyme qui passe et que l’on oublie. Mais après tout, n’était-ce pas le principe de la vie ? Vivre, puis laisser la place à autre chose, de plus grand et de pus beau… L’éternité n’existait pas, même la pierre se fissurait.
Puis il reparti comme il était venu, silencieusement, discrètement, parfaitement conscient qu’il n’était rien de plus qu’un grain de poussière dans l’univers.
Enfin, alors que le soleil commençait à redescendre se coucher, il arriva à destination, son bouquet serré contre son cœur. Il poussa la petite grille enherbée, et marcha vers le mur du fond. Là, il s’accroupit devant une pierre et écarta délicatement les plantes qui la recouvrait.
Il sourit, d’un sourire étrange, entre tristesse, tendresse et mélancolie. Sa petite fille était là.
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Défi
Le vieil homme releva la tête en entendant l’énorme déflagration. Il observa passivement les blocs de neiges se détacher de la falaise et courir vers la vallée, entraînant avec eux la sage poudreuse qui s’était délicatement déposée sur les flancs de la montagne.
Il admira les mouvements à la fois fascinants et mortels de cette neige sauvage et agressive. Il contempla l’enfer blanc se déchaîner, emportant avec lui arbres et hommes en rugissant. Cette mer immaculée et hurlante s’approchait à grande vitesse des habitations tendrement lovées dans la courbe accueillante de la rivière. Les arbres ployaient et se brisaient sous l’action de cette puissance terrifiante.
Il vit les gens sortir de chez eux, s’agitant, terrorisés devant cette masse pure et limpide qui venait les emporter.
Enfin, après plusieurs minutes de hurlements de terreur, le calme revint sur ses montagnes. Les gens avaient été engloutis.
Maintenant allait venir le seconde acte. Les secours.
Et, en effet, le bruit cyclique et lourd des pales des hélicoptères résonna rapidement, brisant ainsi le calme tout juste retrouvé de la montagne.
Le vieil homme fixa avec intérêt les hommes se précipiter vers les maisons qui émergeaient çà et là pour tenter de trouver des rescapés. Ils sortirent quelques corps à moitié gelés et s’empressèrent de les hisser sur les civières afin de les emmener au centre de secours le plus proche. Les heures passèrent lentement, ponctuées par les trouvailles de rares survivants et de trop nombreux cadavres.
Les hommes finirent par abandonner les recherches, sachant pertinemment qu’ils ne trouveraient plus de corps chauds dans cet océan glacial.
L’un des hommes, en contrebas, se tendit, et releva la tête vers les hauteurs. Il aperçut le vieil homme, perché sur la corniche.
Il se rappela soudain ce que lui avait dit le doyen avant de le laisser partir sur cette mission.
« On raconte que, dans ces montagnes vit un esprit protecteur qui punit les hommes qui tentent de lui faire du mal. Alors écoute, fils. Quand tu seras là-haut, n’oublie jamais que tu n’es qu’un invité à la merci de la colère des Esprits de la Nature. »
Sur le moment, il ne l’avait pas cru. Pourtant, le frisson qui parcourut son corps lui démontra que le vieux secouriste avait eu raison.
« Ne t’en fais pas, Esprit, nous allons te laisser tranquille. »
Et il remonta dans l’hélicoptère, décolla, et partit loin de cet enfer colérique et impitoyable.
Le vieil homme, toujours sur sa corniche, sourit.
« Papa, venez-vous ? »
Il se retourna vers la voix et sourit tendrement à la petite fille. Ses petits pieds nus, sa petite robe blanche, et ses grands yeux clairs étaient reconnaissable entre tous.
« J’arrive, Neige. Va chercher Rivière et Biche en m’attendant, s’il te plaît. »
La petite fille le dévisagea un instant, confuse, avant de repartir en riant vers les bois.
Non, pensa-t-il en regardant les restes des maisons en contrebas, il ne laisserait définitivement personne toucher à ses enfants.
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Défi
Confortablement installé dans ma caverne, je levais les yeux vers le soleil levant. La brume, entourant les montagnes s’étalant devant moi, était chassée par les rayons chauds de l’astre jaune.
Le brame grave de l’un de mes compagnons se répercuta dans l’immensité rocheuse. C’était le signal du départ. Autour de moi, tous se levaient. Les mères récupéraient leurs petits, tandis que les fils scrutaient l’horizon, leurs bois pointés vers notre destination.
En quelques instants, les flancs de la montagne sur laquelle nous nous étions abrités étaient plein de cette harde si injustement touchée par le malheur.
Un deuxième brame. Et l’envolée. Tous déployèrent leurs ailes grises et s’élancèrent dans le vide. Les sabots quittaient la pierre, les plumes s’envolaient en tourbillonnant.
Nos têtes dorées captaient la lumière solaire et s’illuminaient, offrant un incroyable contraste avec le reste de nos corps argentés.
C’est cette diversité dans notre plumage et dans nos poils qui explique notre fuite précipitée. Car l’homme cupide aimait contempler nos dépouilles empaillées, qu’il gardait comme trophée de chasse. Alors nous fuyons, encore et encore, chaque fois plus loin. Mais nous ne sommes jamais en sécurité, poursuivis par toujours plus de monde.
Alors nous nous sommes décidés. Nous en avons fini avec ce monde barbare et sanglant. Aujourd’hui, nous partons dans un endroit où personne ne pourra jamais nous retrouver, quitte à braver les tempêtes et la mort. Jamais nous ne nous rendrons à ceux qui nous ont volé tant des nôtres. Nous ne nous laisserons pas faire. Notre espèce ne disparaitra pas car nous sommes forts et déterminés. Nos bois affronteront les dangers, nos plumes les vents violents des montagnes inhospitalières.
Et enfin, après ce voyage, nous rejoindrons les Terres Sacrées, là où il fait bon vivre quel que soit son espèce. Plus personne ne nous chasserait pour se vanter, car nous serons inatteignables.
Bientôt, mes amis, bientôt nous serons en paix. Père, mère, votre lignée vivra, je vous le promets.
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Victoria butta contre une pierre dissimulée sous le sable et tomba tête la première. Elle se hissa sur ses genoux en s’aidant de ses mains. Son souffle était lourd et sifflant. Elle marchait depuis plusieurs jours déjà et n’arrivait toujours pas à destination. De plus, la jeune fille commençait à manquer de vivre. La tempête qui avait ravagé son village avait également emporté le peu de nourriture qu’il leur restait et avait ravagé les plantes alentours.
Elle soupira et sortit sa boussole. Elle aurait dû être arrivée au campement de sa tante depuis le temps. Elle se remit difficilement sur ses jambes et tenta d’en contrôler les tremblements. Son corps recommença à difficilement avancer dans l’immensité désertique.
Le froid la saisit soudainement. La couverture dans laquelle la jeune fille s’était enroulée venait de tomber de ses épaules et la froideur du désert endormi venait de la happer. Elle se hâta de s’enrouler à nouveau dedans mais ne put s’empêcher de continuer à trembler.
Victoria reprit sa route, priant pour trouver rapidement de l’aide. Après plusieurs heures de marche pénible sur le sable glacial et glissant, le soleil pointa le bout de son nez. Les yeux papillonnants, la jeune fille épuisée profita quelques instants de la douce chaleur des rayons lumineux sur sa peau. Elle laissa tomber le châle qui couvrait ses cheveux et libéra sa lourde chevelure noire afin de mieux capter les rayons. Heureuse d’avoir survécu à une nouvelle nuit, elle s’empara de sa gourde afin de se redonner des forces.
Elle poussa un cri de désespoir.
Sa gourde s’était percée… Elle n’avait plus rien. Elle était maintenant seule en plein désert, sans eau ni nourriture.
Victoria se laissa tomber sur ses genoux. Elle allait mourir dans ce désert, loin de sa famille. Son corps ne serait jamais découvert. Elle allait tomber dans l’oubli. Une larme solitaire coula le long de sa joue et tomba dans le sable, formant une unique auréole.
La jeune fille garda la tête baissée, honteuse de n’avoir pu remplir sa mission. Elle se laissa tomber dans le sable, le corps fourbu. A quoi bon continuer à souffrir, elle savait pertinemment qu’elle ne survivrait pas à cette journée. Son esprit s’envola loin, et sur une dernière pensée pour ses proches, elle se laissa partir…
*****
Victoria entendit un bourdonnement sourd. Elle fronça les sourcils. Elle se savait morte, et devait bien s’avouer qu’elle n’avait jamais imaginé que le Zaltar, terre sacrée qui accueillait les morts, serait aussi bruyant… Elle se concentra sur les sons environnant et compris soudain que ce qu’elle avait pris pour le bourdon d’un vol d’insectes était en réalité un chant. Elle ne reconnaissait pas la langue.
La jeune fille fit un effort monumental pour ouvrir ses yeux. Heureusement pour sa vision fatiguée, elle se trouvait dans un lieu sombre et clos. Elle tourna difficilement son visage vers le chanteur et distingua une silhouette masculine.
Elle tenta d’émettre un son pour signaler sa présence mais n’y parvint pas. Elle se contenta donc d’observer le chanteur.
Une heure après son réveil, la porte s’ouvrit. Une silhouette menue s’approcha et, constatant qu’elle était réveillée, entrouvrit les volets.
Victoria découvrit alors la pièce dans laquelle elle se trouvait. Les hauts murs de pierre étaient étonnamment rassurant, et les tentures qui les couvraient semblaient onduler tant elles étaient bien réalisées.
Non loin d’elle, sur une chaise, reposaient ses affaires. Ce n’est qu’à cet instant que la jeune fille réalisa que les vêtements qui la couvraient n’était pas les siens.
La femme qui venait d’entrer s’approcha et, avec un sourire très tendre, commença à lui parler. Victoria laissa sa tête tomber sur le côté. Elle ne comprenait pas un mot de ce qui était dit et ne parvenait même pas à reconnaître le langage.
Comprenant son désarroi, la femme se redressa. Elle réapparu quelques instants plus tard, escortée de plusieurs autres femmes, et apportait le thé.
La jeune invitée se redressa. Elle se sentait de trop dans cette pièce, elle qui n’avait jamais vécu qu’en tant que nomade. C’était la première fois qu’elle entrait dans un bâtiment en dur, et ne savait même pas qu’il en existait dans les environs de son village.
Son mouvement entraîna le départ du garçon qui l’avait veillée. Elle n’eut que le temps de remarquer le pigeon sur son épaule avant qu’il ne disparaisse.
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Jacob se promenait tranquillement dans le zoo, admirant les animaux, s’attristant quelque peu de les voir en cage. Il passa en flânant devant l’enclos des ours blanc, et s’arrêta, perplexe. Il y avait aux côtés de la bête une étrange personne. Ses cheveux verts relevés en chignon fouillis, agenouillée à même le sol dur, la femme manipulait avec aisance une énorme outre. Elle semblait traire l’ours, qui n’opposait pas de résistance.
Au bout d’un moment, elle se releva et sorti tranquillement. Le garçon se précipita vers la partie du zoo réservée aux employés pour essayer d’apercevoir l’étrange femme. Alors qu’il courait, pressé, il heurta une personne. Le choc l’envoya au sol, et il se releva, rouge de confusion, pour s’excuser. En levant les yeux, il vit la femme de l’enclos. Elle était très impressionnante de près. Sa petite taille, combinée à sa largeur d’épaule, lui conférait un air de lutteuse miniature.
-Je suis confus, Madame, je ne voulais pas vous bousculer.
Son interlocutrice éclata de rire.
-Ne t’en fais pas mon poussin, je n’ai rien senti.
Jacob se demanda un instant comment il devait prendre cette remarque, puis abandonna l’idée.
-Je vous ai vue dans l’enclos de l’ours, vous êtes vétérinaire ?
-Non mon lapin, mais mon appétit commence à se réveiller alors il me fallait récupérer mes ingrédients.
-Vos ingrédients madame ?
-Oui mon canari. D’ailleurs, comme tu m’as l'air d’être un gentil garçon, j’aimerais te demander de l’aide. Vois-tu, je compte faire de la pâte d’épeautre, mais la fabriquer demande de l’énergie et je me suis fatiguée à traire cette charmante créature.
Le garçon ne sut que faire. Sa mère lui avait toujours répété de ne jamais suivre des inconnus mais cette dame semblait gentille. Et puis, il était curieux de découvrir le goût du lait d’ours. Alors il accepta.
La femme tapa dans ses mains comme une enfant et sautilla sur place. Elle semblait vraiment heureuse d’avoir un coup de main.
Ils s’engagèrent dans un petit chemin s’éloignant dans les profondeurs du parc, et débouchèrent sur une charmante clairière entourée de grands arbres. Au centre était blottie une chaumière de pierre et de chaume. Ils entrèrent et la femme mélangea les ingrédients. Elle mit d’abord la farine d’épeautre, et elle ajouta des œufs et le lait d’ours. Elle lui indiqua ensuite de pétrir la pâte.
Le garçon obtempéra. Après une dizaine de minutes, Jacob sentit ses bras commencer à le lancer. La femme s’approcha et hocha la tête.
-Ça ira comme ça.
Il poussa un soupir de soulagement et la laissa s’emparer de son œuvre.
-Vois-tu, charmant garçon, cette pâte me permet de faire des petites tartes aux fruits. Et ces tartelettes permettent de lutter contre l’urate. C’est un acide gastrique qui peut faire des dégâts sur la santé. Au fait, je suis guérisseuse.
Jacob sentit son estomac faire du yoyo. Il commençait à se sentir mal.
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Mon cerveau a beugué.
C’est étrange, dit comme ça, mais je ne saurais le définir autrement. Je suis là sans vraiment l’être, je vois sans vraiment voir… Certains diront que j’ai cette impression parce que je suis épuisé, que je travaille trop, que j’enchaîne trop les tournages, mais je sais que c’est autre chose… Je le sais parce que même si mon cerveau ne sait pas comment interpréter la scène devant moi, il a bien compris que c’était réel…
Pourtant, j’ai bel et bien l’impression d’avoir été projeté dans une dimension parallèle. C’est la seule explication que mon cerveau, finalement tout de même un peu fatigué, peut me fournir à ce changement de décor, à cette profusion soudaine, là où il n’y avait encore rien il y a encore quelques semaines.
Je ne bouge pas, je suis immobile sur le palier, incapable de m’arracher à la contemplation de ce spectacle. Puis mes pieds se soulèvent, mes jambes s’activent, et je me dirige lentement vers ma chambre, sans en avoir réellement conscience. Je me couche et m’endors.
J’y réfléchirais demain.
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Sur le continent de Valahor, une guerre centenaire ravage les deux grands pays qui le composent. Plus personne ne connaît la raison de ce déferlement de violence, mais personne ne semble décidé à l’arrêter. Du haut de leurs tours, les rois et princes déchaînent leurs armées, n’hésitant pas à user des moyens les plus vils pour essayer de remporter la guerre. Le peuple souffre, mais personne ne l’entend. Alors ils se sont organisés.
Le jour où une bombe explose dans le palais du pays de Navar, le Roi décide d’envoyer son fils, accompagné de son épouse, dans un vilage reculé choisi par cette dernière...
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Coralie se pencha au-dessus du bastingage de la « Neuvillette », le bateau qui les emmenait de l’autre côté de la Grande Mer. Les marins avaient jeté l’ancre dans la petite crique d’une île qu’ils avaient croisé en chemin. Ils étaient arrêtés depuis plusieurs heures déjà, et la nuit venait de tomber. La petite fille était sortie discrètement de sa cabine, elle savait bien qu’elle n’avait pas le droit d’être là. Pourtant, elle n’avait pas pu s’empêcher de s’éclipser en entendant les marins dire qu’ils avaient aperçu ces immenses poissons qui ne vivaient qu’en eau profonde.
Coralie était donc là, et attendait impatiemment de découvrir son premier poisson géant. Soudain, elle vit surgir à la surface un dos bleu profond, si grand qu’il ne rentrerait pas dans le bateau. Les étoiles de reflétaient dedans et donnait l’impression que le monde n’avait pas de fin.
Elle contempla la danse lente et gracieuse des animaux et sursauta quand elle entendit un petit rire. Elle se tourna dans l’espoir d’apercevoir celui qui avait émit ce bruit quand le bastingage se brisa sous son corps. La petite tomba dans l’océan et s’enfonça. Au-dessus d’elle, elle pouvait voir la danse des poissons géants. La chute semblait sans fin lorsque, soudain, elle atterrit.
Elle regarda autour d’elle, perdue, et constata qu’elle était seule. Devant elle se trouvait l’immense entrée d’un labyrinthe énigmatique. L’arche de pierre qui l’ouvrait semblait s’élever jusqu’au-dessus du niveau de la mer, alors que Coralie ne l’avait même pas aperçue depuis le bateau !
Ne sachant que faire, la fillette s’avança et pénétra dans le labyrinthe. Elle marcha longtemps, cherchant une sortie qui la ramènerait à ses parents. Ne trouvant toujours pas après plusieurs heures, la petite se laissa tomber sur un banc et s’abandonna aux larmes. Elle était fatiguée, seule, et elle commençait à avoir peur. Elle sanglotait toujours lorsqu’un animal tapota son bras d’une truffe humide. La petite fille sursauta en voyant le gros loup la fixer. Pourtant, elle ne prit pas peur. Dans ses yeux, elle ne voyait pas de méchanceté, juste beaucoup de solitude. Désemparée, elle se contenta de lui sourire. Le loup secoua la tête et s’aplatit sur le sol. Coralie monta donc sur son dos. L’animal se releva d’un coup et commença à avancer. Pourtant, Coralie n’avait toujours pas peur. Elle savait qu’il ne lui ferait pas de mal. Ils parcoururent ensemble le labyrinthe, et la fillette ne se lassait pas de découvrir les merveilles qu’il cachait. Ce qui lui avait le plus plu était la petite fontaine chatoyante qui reflétait l’éclat des étoiles.
Enfin, ils s’approchèrent d’un gouffre. Ici s’arrêtait l’étrange domaine terrestre du loup. La petite passa sa main au travers de l’étrange membrane d’eau et éclata de rire en sentant de nouveau l’océan sur ses doigts. Elle se tourna ensuite vers le loup, se demandant ce qu’ils allaient faire maintenant, quand elle sentit un mouvement derrière elle. Elle posa son regard sur l’océan et resta bouche-bée lorsque le plus gros poisson qu’elle a jamais vu se mit à sa hauteur. Elle plongea son regard dans le celui, sage, de l’animal. Elle se sentait si petite devant cette créature qui semblait n’avoir pas d’âge !
Puis le poisson s’approcha encore, jusqu’à ce que sa tête ne touche le promontoire, et ferma les yeux, invitant silencieusement Coralie et monter. Cette dernière obéit, et ensemble ils remontèrent vers la surface. Elle sortit de l’eau et constata l’agitation sur le pont du navire. Elle héla un homme qui passait et tous se précipitèrent pour la remonter. Sa mère se jeta à son cou.
« Oh ma chérie, ne refais jamais ça, tu m’entends ? La mer est très dangereuse ! »
Coralie pencha la tête.
« Ceux qui tombent à la mer ne remontent jamais petite, souffla le capitaine. »
Elle haussa les épaules. Il n’aurait rien pu lui arriver. Mais, alors qu’elle allait leur raconter ce qu’il s’était passé, elle vit passer derrière tout ces gens un homme aux cheveux blancs et à la peau halée. L’encre qui courrait sur sa peau lui rappelait la danse des poissons géants et ses yeux, qu’elle croisa brièvement, ceux du loup qui lui avait montré toutes ces belles choses. Alors elle se tue. Ce serait leur secret.
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La scélérate en face de moi m’adressa un sourire supérieur. Elle enroula une mèche de ses épais cheveux blonds autour de l’un de ses doigts. Elle lança autour d’elle un regard de faon effarouché, fixant ses immenses yeux bleus sur l’environnement autour de nous. Elle se tortilla dans sa petite robe en velours, attirant l’attention sur ses longues jambes fines, l’argument mortel qui convainquait les bonnes âmes qu’elle était adorable. Elle lâcha soudain ses cheveux et son arme, et plaqua ses mains sur son visage de poupée. Elle était une vraie artiste.
-Oh mon Dieu ! s’exclama-t-elle d’une voix innocente. Je ne t’avais pas vue, je suis vraiment désolée de t’avoir renversé ce verre de soda dessus !
Je plissais les yeux, tout aussi consciente qu’elle de l’énormité de son mensonge. Tout ceci avait été parfaitement délibéré. Cette fille me détestait depuis toujours, et je le lui rendais bien. Une vraie peste exécrable. Elle était plus belle que moi, j’étais plus intelligente qu’elle. Le mariage de nos parents n’avait fait qu’empirer les choses. Cette espèce de greluche sans cervelle s’était découvert une passion pour le vice et l’entourloupe. Elle était passée professionnelle dans l’art de me lyncher avec élégance. Chaque fois qu’un garçon m’intéressait, elle me le piquait, chaque fois que je devenais amie avec quelqu’un, elle magouillait. Personne ne se rendait compte de cela, tous étaient persuadés qu’elle était une sainte, aussi douce que tendre. J’étais la seule à subir ses complots à longueur de journée. Ce lâcher de soda n’avait été qu’une escarmouche. Elle tira son gilet en crochet et afficha une moue contrite.
-Fichtre ma chère ! répliquais-je à l’importune qui venait d’interrompre mon rencart. Vous n’avez pas l’air bien douée ! Voici déjà la troisième fois cette semaine que vous me renversez quelque chose dessus. Je croirais pour peu que vous avez une dent contre moi !
Je lui adressais un sourire ravageur. Je sentais son âme rugir de frustration face à ma riposte, première de toutes ! Le dernier clou scellant son cercueil tomba lorsque le garçon à mes côtés me glissa :
-C’est ta sœur ? Elle n’a pas l’air très futée. Mais ne te fais pas de mauvais sang, elle trouvera sûrement quelqu’un intéressée par les gentilles idiotes.
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