Chroniques Héossiennes : Partie 1 : La Pierre d'Âme
de Sylke
Passion d’Ecorce, la Felin, Mapoo, le troubadour Woon, Mak Eshka’Rey et G’d’nissing les Ygwans viennent de finir leur rite d’initiation. Au travers de dix épreuves explorant leurs usages des Trihns, ces quatre itinérants ont su s’allier malgré leurs différents et vaincre les maitres de chaque domaine. L’assemblée Héossienne les a convoqués pour leur première mission. Ils se retrouvent dans un grand hall puis sont invités à se présenter devant l’assemblée. Les doubles portes s’ouvrent et ils pénètrent dans une vaste salle circulaire. Face à eux, dix fauteuils sont occupés par les dix sages.
- « Bienvenue Héossiens. Si nous vous avons convoqué ce jour, c’est pour vous demander d’aller à Astrakalimélofralida, un village Mélodien. Des rumeurs inquiétantes nous sont parvenues. Des Nécrosiens roderaient alentour. Nous avons envoyé un enquêteur mais avons perdu tout contact avec lui depuis plusieurs jours. Nous avons besoin que vous vous rendiez à Astrakalimélofralida pour éclaircir la situation. » nous informe le plus vénérable d’entre eux.
- « Quelle sera la récompense ? » demande Mak Eshka’Rey.
L’Ygwan s’avance de quelques pas, sûr de lui, une lueur de malice dans le regard. Ses compagnons se taisent. G’d’nissing hausse un sourcil et attend patiemment la réponse de l’assemblée. Mapoo a un air stoïque et placide tandis que Passion d’écorce soupire face à un tel manque de respect.
- « Vous serez rétribués à hauteur de la qualité de votre intervention. N’ai crainte, Mak Eshka’Rey. Nous savons récompenser nos Héossiens. »
Mak ne semble pas satisfait pour autant. Mais il n’y a rien de plus à dire. L’assemblée leur a préparé une escorte pour les accompagner jusqu’au village Mélodien. La compagnie se met en route immédiatement. Alors qu’ils quittent la ville, G’d’nissing leur demande ce qu’ils pensent des mesures d’extorsion et de la torture. Mak rit à gorge déployée face à tant de franchise. Les deux Ygwans se rapprochent et entament une discussion animée. Mapoo prend un air surpris et semble un peu offensé mais ne dit mot. Passion d’Ecorce pour sa part est outrée et rejoint l’avant du groupe accompagnée de ces Armimales. Elle est en effet suivie d’un Arénis, une créature quadripède ressemblant à un gros chien noir dont le dos est recouvert d’une puissante carapace. Cette créature est caractérisée par un instinct protecteur quasiment infaillible. Elle tentera toujours de s’interposer entre sa propriétaire et les coups pour pourraient la viser. Un petit volatile aux multiples couleurs est posé sur l’épaule gauche de la felin. Il s’agit d’un Yadyao, cet oiseau chantonne continuellement à l’oreille de sa maitresse, il est vif et joueur. Au cours du voyage, les quatre itinérants apprennent à se connaitre. Une complicité apparait rapidement entre les deux Ygwans qui partagent leurs connaissances et leur vision du monde. Les Ygwans sont une race très ancienne à l’origine d’une grande partie du savoir des habitants de ce monde. G’d’nissing est un caravanier qui répand le Shaan autour de lui. Cependant, sa proximité avait Mak semble le détourner de son but. Il semble fasciné par le beau langage de l’Ygwan. Mak est assez mystérieux et se présente comme un négociant, affirmant avoir une connaissance des rouages de l’administration humaine. Mapoo, du haut de ses 2 mètres 50, a la prestance de sa race et le calme des troubadours. Les soirs, il offre à ses nouveaux compagnons sa musique. Les Woons vivent en tribu à la structuration encore archaïque. Les hommes partent à la chasse, font preuve d’autorité et de protection envers les femmes. Celles-ci sont confinées aux tâches ménagères et à l’éducation des enfants. Il lui faut plusieurs jours pour accepter le comportement libre et indépendant de la Felin.
Au bout d’une semaine de voyage, ils atteignent Astrakalimélofralida. Le petit village s’étend au cœur d’une région de vastes plaines. Les premières montagnes sont visibles en arrière-plan et nécessite quelques heures de marche pour les rejoindre. L’escorte confié par l’Assemblée, accompagne les compagnons jusqu’à l’entrée de la ville puis reprend immédiatement son chemin vers la capitale. D’autres missions les attendent. Mapoo, Passion d’Ecorce, Mak et G’d’ni se présentent à l’auberge du village. L’Assemblée a pris soin de leur réserver le couchage. En entrant dans la taverne, les itinérants y découvrent une ambiance chaleureuse. Des tables rondes sont réparties dans la vaste salle aux murs de pierres et au sol carrelé. Tous les habitants de la ville semblent être rassemblés dans ce lieu de partage. Des Héossiens de toutes les races se répartissent, certains boivent, mangent, d’autres jouent à des jeux de cartes ou plus spécifiques de leur culture. Une imposante cheminée occupe le mur du fond. En son sein, de la viande à la broche cuit paresseusement sur le brasier. Les odeurs de viandes cuites embaument la pièce et se mélangent aux senteurs des nombreux alcools présents. Mak semble tout de suite à l’aise dans cette ambiance et le retour à la civilisation lui convient tout à fait. Il s’avance vers le tavernier en lançant à ses compagnons :
- « C’est ma tournée les gars ! »
Puis, au tavernier, il chuchote :
- « Qu’as-tu de moins cher ? »
Le tavernier se renfrogne mais sert les verres demandés en y versant un liquide foncé et odorant. Mak passe les verres, tous trinquent et goutent le breuvage. Leurs papilles se mettent à chauffer et leur gorge les brule au passage du liquide. Passion d’Ecorce tousse tandis que Mapoo se fige, ne montrant aucune faiblesse. Les Ygwans s’étranglent puis rient ensemble. La Felin a repéré deux hommes Felins assis à une table et passablement éméchés. Elle s’éloigne de ses compagnons pour les rejoindre. A son approche, les deux Felins s’interrompent et la regardent. Reconnaissant leur appartenance à la même race, ils se montrent très amicaux et l’invitent à se joindre à eux. Ils discutent, d’abord de banalité, puis Passion d’Ecorce les interroge sur les derniers évènements au sein de la ville. Elle est bien décidée à commencer son enquête dès ce soir. Les Felins ne semblent pas au courant de grands choses.
- « Avez-vous vu des gens louches ces temps-ci ? » demande-t-elle plus directement.
- « Aah, les humains… Ils font peur. Ils travaillent dans les mines. Ils font de l’armement… »
- « Et ? »
- « Il ne fait pas bon trainer près des usines humaines aux abords de la ville. » se désole l’un des Felins.
- « Et c’est tout ce qui est étrange par rapport à d’habitude ? » demande Passion d’Ecorce.
- « Bah, il y a bien ces rumeurs... »
- « Quelles rumeurs ? »
- « … ah… que ma gorge est sèche… »
- « Je t’offre un verre si tu me racontes cette rumeur, ça m’intéresse. »
Le Felin accepte et Passion d’Ecorce lui rapporte un verre de ce qu’il boit, un alcool local de bonne qualité et à l’amertume prononcée. Après avoir siroter quelques gorgées de son breuvage, le Felin reprend.
- « Il parait qu’il y aurait un monstre nécrosien pas loin. »
- « Même que ce serait une incarnation ! » renchérit l’autre Felin.
Malgré les questions de Passion d’Ecorce, les deux Felins ne peuvent en dire plus, l’alcool faisant son effet leurs propos sont incohérents et ces rumeurs semblent fondées sur des ombres et des disparitions récentes sans évidence établie.
Pendant ce temps, Mak et G’d’ni sont restés près du tavernier qui essuie ses verres avec un torchon crasseux. Mak interroge le tavernier. Il lui glisse un billet de 100 credos en échange d’information. Le tavernier s’en empare et s’approche de l’oreille de l’Ygwan. Il chuchote alors :
- « Je déteste la corruption. »
Il glisse les 100 credos vers l’Ygwan et lui tourne le dos pour aller se poster à l’autre bout du comptoir. G’d’ni ricanne de l’échec de son ami et s’approche d’une table de quatre personnes qui viennent de finir un jeu d’argent.
- « J’aimerai jouer avec vous. » demande G’d’nissing sans préambule.
- « On vient juste de finir. » dit l’un des joueurs visiblement non désireux d’accueillir l’Ygwan.
G’d’ni insiste mais les joueurs campent sur leurs positions. Mak a apostrophé Mapoo et l’a entrainé devant l’entrée de la taverne. Mak sort alors ces grenades et joue ostensiblement avec en regardant les joueurs. G’d’ni se fait menaçant. Le tavernier ayant observé ce manège, s’approche de Mak et Mapoo.
- « Arrêtez immédiatement si vous ne voulez pas que j’appelle les gardes. »
- « Mais on ne fait rien, on est juste devant la porte parce qu’on s’apprête à sortir prendre l’air. » affirme Mak plein de mauvaise foi.
- « Faites donc ça, oui. » commente le tavernier.
- « G’d’ni, Passion d’Ecorce vous venez ? »
- « Je vais rester avec mes nouveaux amis. Je vous retrouverai demain matin. » dit la Felin, ne voulant pas être mêlé au comportement insultant de ces compagnons de voyage.
G’d’ni, Mapoo et Mak sortent de l’auberge et s’avancent dans la pénombre des ruelles désertes de la ville.
- « Quitte à être dehors, essayons de trouver des indices sur ces prétendus nécrosiens. » dit G’d’ni.
Les trois compères explorent les rues sombres. Ils ne croisent pas âme qui vive à cette heure tardive. Rien de suspect jusqu’à ce que Mapoo remarque des tâches noires au sol. Les Ygwans se rejoignent et ils examinent la substance noirâtre et gluante. G’d’nissing tend alors sa main, touche la substance et la porte à sa bouche. A son contact, son visage se révulse. Le goût est acide et déchire son intérieur, intoxiquant jusqu’à son âme. Aucun doute n’est permis, c’est de la nécrose. Mak s’agenouille à côté de la matière noire et utilise l’un de ses pouvoirs, Investigation Mentale. Ses yeux prennent une couleur jaune, vive, sans pupille. Mak se relève et regarde autour de lui.
- « On dirait que cette matière à couler de quelque chose… Là, je vois comme des trous. Peut-être des traces de pas, mais ils sont trop nombreux… Je ne sais ce que c’est. Mes yeux d’Ygwan n’ont jamais vu ça. »
- « Suivons-les. » propose Mapoo.
- « Les traces semblent mener à l’extérieur de la ville. » commente Mak placidement.
- « Il n’est pas prudent de sortir de la ville en pleine nuit. De plus, ce truc a vraiment un gout dégueulasse… » dit G’d’ni.
Tous se rangent de l’avis de G’d’nissing et ils retournent à l’auberge. Lorsqu’ils reviennent la taverne est quasiment déserte, le patron est en train de ranger les derniers verres et essuyer les dernières tables.
- « Vos chambres sont à l’étage, messieurs. » dit-il sans se retourner et d’un ton sans appel.
G’d’nissing est déçu de ne pouvoir se rincer la bouche d’un verre de gnole mais les trois compagnons, fatigués du voyage et de leur soirée, gagnent leurs chambres sans protester et s’endorment rapidement.
Table des matières
Commentaires & Discussions
Le rendez-vous | Chapitre | 1 message | 3 ans |
Le Phalanglade | Chapitre | 1 message | 3 ans |
Traces de Nécrose | Chapitre | 1 message | 3 ans |
La mine humaine | Chapitre | 0 message |
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