J’ai peiné à rejoindre ma place, en cause la vitrine qui figure l’entrée des lieux ; les rangées de têtes qui se sont tournées pour me constater de l’autre côté du verre ont brisé d’emblée mes espoirs de discrétion.
Un homme brun, grand et maigre se tient debout, fiches à la main devant des visages globalement jeunes. Les auditeurs ont des mouvements de tête, quelqu’un au deuxième rang a des onomatopées d’accord, à voix haute, comme s’il était seul avec l’orateur ; par moments des yeux se rencontrent et échangent des moues et des mouvements de tête. Le conférencier se déplace sur un carrelage jauni par l’âge et le concours du soleil et de la vitre.
La rencontre termine, la salle se vide en un instant. Deux opiniâtres se présentent à l’orateur ; l’un a été plus prompt et retient toute son attention tandis que le second est relégué à la pesanteur de son corps muet, nié sporadiquement par de petits rires de complicité. Vissé sur la chaise j’hésite, consternant. À deux places sur la gauche un homme me regarde, fixe puis, ne parvenant à établir un contact visuel, se glisse sur une des chaises vides qui nous séparent et estime ne jamais m’avoir vu en ces lieux. Je ne suis pas d’ici et dois préciser, alors, d’où. La conversation s’attarde sur ma personne dans un climat de bienveillance brutale.