
Léos Artman
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Défi
Mon cher petit ange,
Ce matin, je me suis réveillé tôt. Il faisait encore nuit. J'ai regardé la date du jour et j'ai compté. Aujourd'hui, mon ange, est un jour spécial. Aujourd'hui, cela fait un an que nous ne nous sommes pas vus. Très vite, j'ai senti les larmes venir et dans un élan de force, j'ai tenté de les retenir. J'ai senti ma gorge me serrer. J'ai alors fait ce que je fais depuis un an ; j'ai relevé la tête et j'ai ravalé mes larmes. Je pense que ce sentiment est le pire...
Dès que j'eus fini de m'apitoyer sur mon sort, je me suis levé et je suis sorti de chez moi. Je me suis rendu au vieux port ; celui où l'on passait notre temps à regarder le soleil descendre en dessous de l'horizon. Te rappelles-tu de tous ces magnifiques couchés de soleil que nous avons pu observer là-bas, assis l'un contre l'autre sur ce vieux ponton en bois qui menaçait de craquer ? C'était la belle époque, celle où nous étions encore ensemble, celle où tu étais encore à mes côtés...
Je me souviens de nos moments, de nos folies et de toutes nos conneries. Plus particulièrement, je me souviens de ce soir où tu es parti. Ce soir où tu m'as laissé. Dans un souffle et dans l'espoir de te retenir, je t'ai prononcé ces trois petits mots que tu attendais, ces trois petits mots qu'aucun de nous deux n'avait encore prononcés. J'ai cru que tu resterais, je n'aurais jamais cru que tu me laisserais. Au lieu de te retenir, ces mots t'ont fait fuir et je m'en veux encore...
Je ne sais pas ce que tu attendais de moi, je voulais simplement te garder près de moi mais, tu m'as simplement fait comprendre que notre amour ne verrait plus jamais le jour. En une phrase, tu as réussi à faire de mon idéal un cauchemar sans fin. Je t'ai balancé mon amour à la gueule et toi, tu t'es simplement penché vers moi et tu as murmuré : "On était simplement trop différents".
Cette phrase, je l'ai gravée dans ma mémoire le temps d'un sourire de ta part avant que tu ne montes dans ce bateau sans un regard à mon égard. Ce jour-là, je t'ai vu partir et j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Après ça, je me suis promis de ne plus jamais laisser sortir ces traîtresses et de t'oublier. J'ai tenu mon premier serment jusqu'à aujourd'hui. Je n'ai jamais pu tenir le deuxième...
Tu ne verras jamais cette lettre, je l'emporterai avec moi dans ma tombe. Quand j'aurais terminé d'écrire, je me lèverai. Je sortirai cette arme de mon sac. Je resterai certainement un long moment, le regard dans le vide, le flingue posé contre ma tempe, en pensant à toi. Puis, dans un dernier élan de faiblesse, j'apuierai lentement sur la gachette, emportant mon histoire avec moi.
Quand tu apprendras ma mort, ne pleure pas. Rappelle toi simplement que l'on était trop différent.
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Défi
Tout ce temps à te voir
Tout ce temps à vouloir
Simplement te parler dans le noir
Pour enfin savoir
Tu me dit qu'il t'aime
Qu'il t'écrit des poèmes
Que tu n'es que la troisième
Que votre amour sera éternel
Mais si tu savais ma chérie
Ce qu'il te fera une fois au lit
Je ne suis que ton meilleur ami
Je ne peux te dire "vas-y"
C'est un râté
Il ne sait pas aimer
Il veut ton corps
Et pas ton coeur
J'aimerais te dire ce que je ressens
T'avouer mes sentiments
Je ne suis que ton meilleur ami
Mais, je n'ai jamais penser à t'avoir dans mon lit
Quitte le
Laisse le tomber
Oublie le
Et laisse moi t'aimer
Laisse moi carresser ta joue
Te chuchoter des mots doux
Laisse moi t'embrasser
Juste, laisse moi t'aimer
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Je ne me suis jamais senti à ma place. Comme si je n'étais pour les autres qu'une parcelle d'inconnue. Comme si jamais je ne serai considéré comme un être à part entière. J'ai mes défauts, mes peurs, mes batailles que je mène tous les jours. J'ai cette sensation interminable que je n'ai rien à faire dans ce que vous appelez "monde". J'ai besoin de partir à la recherche d'un endroit où je me sentirai bien, où cette place qui m'attend me tendrait les bras. J'ai besoin de m'évader, de me casser. J'ai besoin de fuir cette société qui ne cesse de me tourmenter.
On est tous différents. On a tous nos petites faiblesses, nos plus grandes batailles, nos plus beaux souvenirs, nos plus grandes peines mais, aussi nos plus belles victoires. On ne devrait pas se laisser abattre pour des petites choses que la vie nous montre. On ne devrait se laisser consumer par nos regrets. Pourtant, nous laissons la société décider de chacun de nos pas. On les laisse décider de ce que nous pensons, de ce que nous vivons et de qui nous aimons.
Comment avancer dans un monde ravagé par une société meurtrière ? Comment rester fort quand on nous répète que nous ne valons rien et que nous vaudrons jamais rien ?
Alors, ce soir, je noircis cette feuille encore vierge pour exprimer ma rage, celle que je porte au monde et à l'espèce humaine. Je raconte à quel point j'ai pu vivre des choses compliquées, à quel point j'ai pu prendre les mauvais chemins et à quel point ma vie ne ressemble plus à rien. Je raconte à quel point j'aimerai partir loin d'ici, de ce monde qui ne m'a rien apporté de bien.
Parce que j'ai fait confiance sans que ça ne me donne jamais rien. J'ai été blessé par ceux à qui j'ai donné ma confiance et pourtant, je continue à le faire, prenant le risque de souffrir à nouveau. Mais, tant qu'il me reste une infime partie de bonheur, je resterai là à encaisser les coups.
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Je savais que ça finirai par arriver. Je savais qu'il finirai par t'emporter, qu'il t'arracherai à moi et que plus jamais nous ne nous verrions. Mais, j'ai espéré, j'ai prié et puis, j'ai crié. J'ai crié si fort que ma voix s'est brisée en entendant la machine émettre un bruit continu. J'ai hurlé et ça m'a retourné les tripes.
Je ne voulais pas te dire "au revoir". Cela fait maintenant cinq ans que tu te bats contre le cancer et j'aurais voulu te demander de te battre encore. Tu aurais pu y arriver mais, tu m'as simplement demandé quand est-ce que tu pouvais lâcher. Dans un souffle, je t'ai répondu un "quand tu seras prêt". Et tu as lâché. Tu es parti loin de moi et pour rien au monde, je n'ai souhaité te perdre ainsi.
Je suis resté là, pendant plusieurs heures, à regarder ton corps sans vie. Les médecins sont arrivés et t'ont emmené. Il ne me restait plus rien à quoi m'accrocher. Je me suis levé, j'ai ouvert cette fenêtre et je t'ai demandé pardon.
Tu m'avais demandé de rester fort, de continuer sans toi et je t'avais promis d'essayer mais, à la seconde où ton coeur a cessé de battre, j'ai compris que jamais je ne pourrai y arriver. Ta mort, c'était comme la fin du monde, de mon monde.
Alors, j'ai sauté.
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Défi
Je t'observe de loin. J'observe tes cheveux en pétard reprendrent leur aspect désordonné à cause du vent. J'observe ta bouche qui s'étire dans un sourire des plus beaux. J'observe tes yeux qui brillent de mille étoiles quand tu le regardes. Ce sont ces cheveux dans lesquels je voudrais passer ma main pour les emmêler encore plus. C'est cette bouche que je rêve d'embrasser depuis trop longtemps. Ce sont ces yeux dans lesquels je me perds, la plupart du temps.
Je passe mon temps à rêver. Je rêve que je suis dans tes bras, je rêve que tu souhaites me garder auprès de toi. Je rêve que tu me regardes un jour comme tu le regardes lui. Je rêve que ce soit moi que tu veuilles embrasser. Je rêve parce que j'espère. Je rêve parce que je t'aime.
Cette lettre que je t'écris ne te parviendras jamais. Je m'en débarasserai pour que tu ne puisses pas la lire. Parce que je suis lâche. Parce que je ne veux pas m'immiscer dans ta vie. Parce que tu ne connais même pas mon existence.
Alors, tu ne sauras jamais. Tu ne sauras jamais que depuis plusieurs mois, ma raison de vivre, c'est toi. Tu ne sauras jamais que je t'aime à en perdre la raison, à en oublier même mon prénom. Tu ne sauras jamais que je ne vis plus que par ta personne. Que si tu souris, je le fais aussi et que si tu pleures, ma vie perd ses couleurs. Tu ne sauras jamais toutes ces choses car tu ne me connais pas et que ça restera comme ça.
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Je t'ai rencontré un jour de pluie, dans le petit parc en bas de chez moi. J'étais là, tout seul et tu es venu vers moi. Tu m'as tendu la main et je l'ai saisie, comme si c'était la seule chose que j'attendais. Je t'ai laissé m'attirer à toi pour une étreinte des plus chaleureuses. Je t'ai emmené chez moi. Tu es venu et tu n'es plus jamais reparti, jusqu'à ce fameux soir...
Nous nous étions disputé et tu m'avais hurlé d'ouvrir les yeux. Je t'avais dit que je t'aimais et toi, tu m'a répondu que tu ne pouvais pas. Je t'ai demandé pourquoi et tu m'as simplement hurlé d'ouvrir les yeux. Après ça, tu es parti et je ne t'ai plus jamais revu.
J'ai repensé à nos moments. J'ai repensé à notre complicité, à toutes nos conneries, à nos soirées films et à nos sorties dans les plus beaux endroits de la capitale. Je tenais à toi et je n'ai jamais voulu te perdre de cette façon mais... je n'ai jamais pensé que mon amour te ferai fuir.
En y repensant, après ton départ, je sentais que tu étais toujours là. Quelque part au fond de moi, tu étais là. Et puis, au bout d'un moment, j'ai compris. Tu n'étais pas vraiment là. Tu étais cette personne qui n'existe pas. Tu venais de mon imagination. Tu étais mon halucination. Tu étais moi.
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Mon très cher X,
Aujourd'hui sera une belle journée. Même si je n'aurai aucune nouvelle de toi. Nous sommes en week-end. C'est donc normal. J'ai finalement compris que je n'aurai jamais de tes nouvelles pendant cette période. À chaque semaine, c'est la même chose. Recevoir tes lettres pendant cinq jours pour un silence total pendant quarante-huit heures. Je finis par te connaître maintenant. Toi, peut-être mais, pas la raison qui te pousse à me laisser dans l'attente l'espace de deux jours.
Il y a des jours où les "pourquoi" interfèrent dans ma vie. Pourquoi ne parles-tu que cinq jours par semaine ? Pourquoi ne veux-tu pas qu'on se voit en vrai ? Pourquoi as-tu démarré cette correspondance ? Cette dernière question est celle qui tourne le plus fréquemment dans mes pensées. C'est vrai. Pourquoi moi ? Pourquoi pas quelqu'un d'autre ? Pourquoi un humain si fragile et si inutile au sein de cette société ?
Bref.
Aujourd'hui sera une belle journée. Nous sommes samedi matin. Je dois aller à la plage avec mon grand frère. Tu sais, celui qui me protège un peu trop à mon goût. Malgré tout, je l'aime. Il reste mon frère et je sais qu'il ne veut que mon bonheur et qu'il espère pouvoir assurer ma sécurité.
Donc, nous sommes censés retrouvés ses amis à la plage. Avant de partir, j'irai déposer mon enveloppe dans ta boîte aux lettres. A la plage, nous avons prévu de jouer au volley-ball sur le sable humidifié par l'eau salée, l'écume s'échouant sur nos pieds. Nous irons ensuite nous baigner et il y aura ce garçon qui m'apprendra à surfer. C'est le meilleur ami de mon frère. La semaine dernière, il m'a promis de me montrer comment il surfait.
Ce garçon, c'est un blond aux yeux vairons. Il est grand, musclé et horriblement beau. Si je devais être honnête, je dirai qu'il me plaît. Mais, si je l'étais, mon frère me tuerait. Il ne me laisserait jamais sortir avec son meilleur ami et puis, il ne doit même pas être gay ; ce qui règle le problème.
Assez parlé de lui. Parlons de toi. Nous sommes voisins. Tu habites l'immeuble en face du mien. Peut-être que l'on se croise tous les jours sans même le savoir. Enfin si, toi, tu le saurais si on se croisait puisque tu sais qui je suis. Pour ma part, je ne sais presque rien de toi. Je passe des heures à te raconter ma vie dans mes lettres sans vraiment savoir si ça t'intéresse alors que toi, tu restes muet sur ta petite parcelle d'humanité.
Je t'avoue que je suis curieux. Curieux de savoir qui se cache derrière ce pseudonyme. Curieux de savoir si l'on se connaît. Curieux de savoir qui tu es tout simplement. Parce qu'au fil du temps, j'ai appris à apprécier ton écriture, ta façon de dire les choses avec douceur mais franchise. Parce qu'au fil du temps, j'ai appris à attendre tes lettres toute la journée, celle que je ne reçois qu'une fois la nuit tombée, celle que je descends chercher dans le dos de mon frère.
Il faut que je t'avoue quelque chose. Ce petit jeu m'épuise autant qu'il me fait vivre. J'adore lire les nombreuses lignes que tu as écrites pour moi mais, je ne vis presque plus que par toi. J'ai continuellement besoin de savoir qui tu es.
Cette lettre est certainement l'une des dernières que tu recevras de moi. Ne t'embêtes pas à descendre chercher mon enveloppe demain matin. Il n'y en aura pas. Parce que j'en ai marre de ce petit jeu. Parce que je déclare forfait. Parce que tu as gagné.
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L'amour est une rose. Il est beau mais, pour le toucher, il faut accepter de se piquer avec les épines. On se blesse en posant la main sur la tige mais, la douleur finit par passer. Ce n'est que lorsqu'on extirpe notre main des échardes que l'on découvre que le sang a coulé. La seule raison qui nous pousse à retirer la main de cette magnifique fleur, c'est quand celle-ci se fane. Sachez que les roses finissent toujours par faner. En amour, les roses éternelles n'existent pas. Elles ne sont qu'un concept idealiste et rassurant auquel tout le monde voudrait croire. Elles ne sont que le fruit de notre imagination que l'on nomme âme-sœurs mais, ces dernières ne terminent que très rarement ensemble... Certaines roses ; bien que très belles ; peuvent se montrer longues et difficiles à toucher, parfois même impossibles.
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Défi
Si seulement j'osais. Si seulement j'osais te dire à quel point tu es tout pour moi. Si seulement j'osais te dire merci pour tous ces bons moments passés en ta présence. Si seulement j'osais te dire désolé pour toutes ces disputes. Si seulement j'osais te dire à quel point tu es importante dans ma vie. Si seulement j'osais te dire à quel point je t'aime, à quel point tu comptes pour moi.
Sache que je ne le ferai jamais. J'ai bien trop de fierté pour ça. Mais... ne dit-on pas que le "jamais" n'arrive jamais. Qui sait ? Peut-être qu'un jour j'oserai te dire tous ces mots qui restent coincés dans ma gorge. Simplement ces trois petits mots que je ne t'ai jamais dit. Enfin si, je te les ai déjà dis mais, ce n'était que pour avoir un retour de ta part. Aujourd'hui, j'ai envie de te les dire parce que je les pense. Mais... je ne sais pas. Les mots semblent bloqués.
Je suis désolé. Tu ne sauras sûrement jamais le fond de mes pensées, celles qui ne parlent que de toi. Pourtant, j'aurais tellement voulu te les partager mais, je n'y arrive pas. C'est triste mais, c'est comme ça. Je reste fermé sur mes vraies émotions, parce que j'ai peur, parce que je n'ai pas confiance. Pardon, j'aurais aimé te faire confiance mais, je n'y arrive pas. Alors, je resterai là, à espérer. Oui, j'espère y arriver, un jour.
Mais, si j'osais. Si seulement j'osais te dire toutes ces belles choses. Si seulement j'osais, notre relation n'en serait que plus forte.
Alors, désolé. Parce que je n'y arriverai jamais.
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Je regarde par ma fenêtre, il fait nuit depuis longtemps, trop longtemps... Je devrais dormir depuis un moment mais, Morphée ne semble pas trouver la route jusqu'à chez moi ; du moins pas jusqu'à ma chambre puisque mes parents dorment depuis un moment. J'attrape mon téléphone pour regarder l'heure : 3h24. Mon réveil sonne dans exactement une heure et trente-six minutes. Ce n'est plus l'heure de m'endormir.
A la place, je pose mon casque sur ma tête et démarre une playlist. Les musiques qui défilent pendant une demi-heure sont tristes et déprimants mais, ça me détend. Je m'adosse au rebord de ma fenêtre et allume une nouvelle cigarette. Les règles sont pourtant claires : on ne fume pas dans la maison. Mais, je ne me vois pas descendre en bas de l'immeuble à cette heure là. Avec tous les tarés qui traînent dans mon quartier, même si je dois l'être plus qu'eux...
Alors que je prends une nouvelle dose de nicotine, je repense à ma vie. On dirait le cliché tiré d'un film à l'eau de rose. Ces débilités qui font rêver plus d'une fille célibataire. J'adore me perdre dans ces histoires où l'amour te tombe dans les mains en un claquement de doigts et où tout est parfait. J'ai longtemps cru que ça m'arriverait... Aujourd'hui, ces contes de fées ne sont là que pour me rappeler que l'amour est un temps qui se conjugue à l'imparfait. Il n'y a plus de prince charmant débarquant sur un cheval blanc. Il n'y a plus de princesse qui trouvent le grand amour du premier coup. Il n'y a plus tout cela et en fait, je commence à me demander s'il y a déjà eu des choses de ce genre.
Si je remets en question ces choses là, c'est à cause de toi. Tu m'as fais croire à l'amour inconditionnel, à toutes ces belles conneries. J'ai cru que tu m'aimerais toujours, que jamais tu ne partirais mais, ce ne fut pas le cas. Tu m'as laissée tomber parce que pour toi, je n'étais qu'une somme d'argent que tu allais récupérer. Pour toi, je n'étais qu'un pari.
Un coup d'œil à ma cigarette avant de la lâcher pour ne pas me brûler les doigts avec le filtre brûlé. En la regardant s'écraser trois étages plus bas, je comprends enfin : notre amour était une cigarette. Tu ne l'as allumé que parce que tu t'ennuyais. Il m'a fais tourner la tête et m'a détendu le temps de sa courte vie. En vérité, il s'est consumé trop vite à mon goût et j'ai tenté de le faire durer un peu plus longtemps mais, je me suis brûlée les doigts. Tu m'as souvent comparée de cette façon. Tu disais que j'étais aussi fine qu'une cigarette et que mes cheveux était ausssi noirs que de la nicotine. Du moins, tu disais ça au début. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que tu m'as traitée comme telle. Tu m'as utilisée parce que tu t'ennuyais, tu m'as écrasée dès que tu en as eu fini avec moi. Tu m'as traitée de tous les noms sans que je n'y comprenne rien.
Depuis quatre mois, j'ai augmenté ma consommation. Depuis quatre mois, je suis passé à deux paquets par jour et un par nuit. Depuis quatre mois, je me perds dans les substances psychoactives. Ce soir encore, je me perds dans ce nuage de fumée. Ce soir encore, je me perds dans cette folie.
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Pour t'oublier, j'ai rechuté. Pour t'oublier, j'ai essayé. J'ai essayé juste une fois et c'était déjà une fois de trop. Toi-même tu sais à quel point la drogue peut faire des ravages. Tu sais quoi ? L'amour aussi. Mais, j'en avais marre de t'attendre. De t'aimer alors que toi, tu ne me regardais même pas. En fait, tu ne me regardais plus.
Il fut un temps où tu me regardais, où tu m'embrassais, où tu m'aimais. Mais, je dois me rendre à l'évidence : ce temps là est révolu. Alors, j'ai souhaité t'oublier. J'ai recommencé la cigarette. J'avais arrêté pour toi, parce que tu n'aimais pas. J'ai repris pour toi, parce que je savais que ne te plairait pas. Mais, ça ne m'a pas suffit et je suis passé au niveau d'après.
J'ai commencé à sortir en boite, à fumer des joints, à me droguer. Grâce à ça, je t'oubliais, l'espace de quelques heures. Mais, une fois les effets dissipés, je retournais à ma vie morose et sans intérêt. J'en voulais toujours plus et ton absence me pousser à mélanger les produits : héroïne, cannabis, ecstasy, cocaïne... tout y est passé. Et puis, il y a eu ce soir... ce fameux soir où tout est parti en vrille.
Au cours de la journée, j'ai essayé de t'approcher mais, tu me remballais à chaque fois. Un moment, je t'ai emmené loin de tes potes et je t'ai forcé à m'écouter. Je t'ai avoué à quel point tu me manquais, à quel point je t'aimais. Toi, tu m'as simplement écouté et tu m'as dit : "Plus jamais je ne t'aimerai". Ce jour là, j'ai compris que c'était fini, que tu étais parti, que je t'avais perdu sans même en comprendre la raison. J'ai serré les dents et je me suis enfuit. Je me suis retrouvé à cette fête et j'ai déconné.
J'ai fumé un joint, deux joints mais, ce n'était pas assez. Je les ai enchainés et j'ai fini par sombrer. Je suis parti si loin, ce soir-là. La police m'a trouvé au petit matin, sur un trottoir.
Je suis parti si loin, tellement loin... je suis certainement parti trop loin parce qu'en fait, je ne me suis jamais réveillé.
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On était deux. Au début, on était deux. Et puis, tu es parti. Je me souviens encore de cette soirée, de ton sourire sous la lumière des réverbères, de la musique qui flottait dans les airs.
Nous étions le 31 octobre. Nous étions en train de fêter Halloween. Il devait être vingt heures. Nous avions bu, fumer. Nous étions bourré. Nous sommes sortis de la boîte de nuit et on a commencé à jouer.
Action ou Vérité. Voilà l'activité.
Je t'ai posé la question et tu m'as répondu Action. Je t'ai défier de faire un aller-retour à la nage dans le fleuve. Tu m'as regardé et tu y es allé. Tu as plongé la tête la première et je t'ai vu partir mais, pas revenir. J'étais tant fatigué et tellement enivré par l'alcool que je n'ai pas réagit tout de suite. Les autres personnes présentes m'ont vite abandonnés pour retourner au bar.
Après quelques minutes, je me suis inquiété et je t'ai appelé, en vain. Tu ne répondais pas, tu ne pouvais pas. J'ai appelé au secours. Un couple qui passait par-là s'est arrêté et j'ai eu du mal à leur expliquer ce qu'il s'était passé. Quand j'ai enfin réussi, ils m'ont fixé d'un regard paniqué avant d'appeler les pompiers.
Ils t'ont cherché pendant longtemps, si longtemps que j'ai bien cru qu'ils ne te retrouveraient jamais. Lorsque ce fut le cas, ils m'ont annoncé que tu respirais encore mais, qu'il fallait t'emmener d'urgence à l'hôpital. J'ai observé ton corps thermiquement refroidi. Il était glacé, il était presque bleu et complètement immobile.
Dans l'ambulance, j'ai cédé. J'ai laisser sortir ces larmes qui menaçaient de couler depuis déjà une heure. J'ai doucement attrapé ta main glacée et je t'ai demandé pardon. Les effets de l'alcool s'étaient dissipés depuis un petit moment et je commençais à lentement réaliser ce qu'il s'était passé.
A l'intérieur de la pièce qui te servait de chambre, j'ai dû attendre un quart d'heure avant que tu n'ouvres les yeux. Quand tu l'as fait, tu as prononcé mon prénom. J'ai retenu ma respiration avant de te demander pardon. Et toi, tu me suppliais de te laisser. J'ai refusé même si je savais ce qui allait se passer, que tu allais y rester. J'ai saisit tes deux mains à peine plus chaude qu'avant et je t'ai hurlé de ne pas m'abandonner. J'ai répété en boucle ces "je t'aime" qui semblait perdre leur sens au fil du temps qui s'écoulait aussi vite que mes larmes tombant sur les draps. Et puis, sous un dernier "je t'aime", ton cœur a flanché et s'est arrêté.
A cet instant, j'ai senti mon monde entier s'éteindre trop vite. Je t'ai vu fermer les yeux et j'ai vu mes rêves s'effacer avec toi. J'ai hurlé et ma voix s'est cassé quand j'ai réalisé que c'était terminé. Tu m'as abandonné, tu m'as laissé seul dans l'ombre du diable.
Aujourd'hui, nous sommes le 31 octobre. Cinq années sont passées et comme chaque année en cette date si tragique, je me rends au cimetière, devant ta tombe. Je regarde ton nom gravé dans la pierre au dessus des deux années qui ont rythmé ta vie. Je regarde cette inscription qui me fait lâcher une larme : "il aura vécu pour de vrai".
Alors que je dépose lentement ce bouquet de chrysanthèmes, je sens une main se poser sur mon épaule. Je n'ai même pas besoin de tourner la tête pour savoir de qui il s'agit. Je me tourne quand-même pour observer tes beaux yeux bleus ; enfin, ceux de ton fantôme, celui qui me hante depuis cinq ans. En fait, non. Il ne me hante pas, il me tient compagnie à chaque fois que ton absence me fait sombrer une fois de plus.
Je sais qu'il faut que je te laisse partir mais, je ne suis pas prêt. Alors, je laisse ton esprit m'enlacer comme pour me dire qu'il sera là aussi longtemps que j'en aurai besoin.
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