Ombre
de Aceep
La forêt tout autour de moi. Les arbres si grands que je ne perçois qu’à peine leur feuillage. Je cours, je cours sans m’arrêter, à en perdre haleine. C’est là, juste derrière moi. C’est dangereux. Ça engloutit un peu plus la forêt à chacun de mes pas. La peur s'immisce au creux de mon ventre. J’ai beau aller aussi vite que mes jambes me le permettent, je ne sèmerai pas cette chose. J’aperçois vaguement sa forme dans les replis de l'obscurité. Ça n'a pas d’yeux. Pas de visage. Ce n'est pas humain. Ça n’est pas seul. Le brouillard épais bloque ma vue, où que je tourne le regarde rien que des troncs. A mes pieds, des racines sortent du sol, elles rendent ma course ardue, elles semblent vouloir agripper mes chevilles, me faire chute, me ralentir. Si je vacille, je serais à portée du monstre. Je sens chacun de mes muscles contractés sous l’effort intense. Je me sens perdre pied. Le sol se dérobe. Je me dis que tout est fini. Quoique cela soit, ça va me dévorer. Déchiqueter mon corps en petits morceaux et s’en faire un festin. Je chute encore. Encore. Où est le sol ? Je ferme les yeux, résignée. Je suis debout, au milieu d’un salon. La douce lumière de la fin d’après-midi entre par la fenêtre. J'entend la musique d’un piano dans la pièce d’à côté. In the hall of the moutain king, je reconnais. Mon père la jouait tellement souvent que la moindre de ses notes s’est gravée dans mon esprit. Je frissonne. Une maison ? Je m’y sens si bien. Le parquet, les meubles un peu passés de mode, tout me semble familier sans que je n’y ai jamais mis les pieds. Et la forêt alors ? Et cette chose ? Quelqu’un sonne à la porte. Une personne se déplace et ouvre. Je vois des gens sur le pas de la porte, je vois la personne qui a ouvert, mais ils n’ont pas de visages, ou plutôt, je n’arrive pas à déterminer leurs traits. Je crois tout de même en reconnaître certains. Ils parlent. Si cela ressemble à une conversation badine de là où je me trouve, lorsque je m’approche, je sens peser une menace . Je ne comprends pas ce qu’ils disent mais la tension est palpable, plus j’avance plus je ressens le danger qui guète. Ma gorge se serre, l’air se raréfie, je panique. Soudain, un bruit sourd, une lumière vive puis le noir complet.
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