Lost in Time

de Image de profil de J. AtarashiJ. Atarashi

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Image de couverture de Lost in Time

En réponse au défi de Philippe Meyer, "Le Voyageur Imprudent". Ce petit récit (inédit !) s'étalera sur trois ou quatre chapitres. Il s'inscrit dans la suite directe de mon roman "Origines", au point que j'envisage de l'y inclure dans la version définitive. Je compte sur mes lecteurs de "Origines" pour me dire si oui ou non c'est une bonne idée.
L'histoire met en scène l'Agente Spatio-Temporelle Bobette Van Der Steen, héroïne de "Tintin et la Patrouille du Temps", détachée pour les besoins de sa mission auprès de la Sûreté de Louis-Philippe. De retour d'une mission au succès très mitigé (voir 'Origines"), elle doit rendre des comptes aux autorités de la Sûreté Royale, l'équivalent des actuels services de renseignements.
(POUR LES LECTEURS DE "ORIGINES", MERCI DE D'ABORD LIRE LES DERNIERS CHAPITRES ET L'EPILOGUE DU ROMAN AVANT D'ENTAMER CELUI-CI ;-)

Bobette prit pied sur la passerelle et, surprise par la différence de température entre la nacelle et l'extérieur, releva son col. Elle s'engagea dans les escaliers. Le beau soleil d'hiver annoncé par le Steward peu avant l'amarrage ne semblait pas être au rendez-vous. Elle leva la tête et devina sa présence par-delà l'immense carcasse du Nouvelle France qui, maintenu par des câbles de quatre pouces de diamètre, flottait paresseusement tel une baleine entre deux eaux. Le ciel était saturé de ballons amarrés par le nez, en attente de partance. Quelques mois auparavant, le Roy avait fait approuver par le Parlement la construction d'une immense tour métallique sur le Champs de Mars, qui rendrait problématique voire dangereuse l'approche des grands dirigeables. Il avait dès lors été décidé que Les Tuileries assumeraient seules la fonction de port aérien, avant la construction de nouvelles installations plus moderne sur le plateau d'Orly. Bobette se félicitait de cette situation temporaire. Elle n'aurait qu'à traverser la Seine et la promenade jusqu'aux bureaux de la Sûreté Royale, situés Boulevard Saint-Germain, ne lui prendrait pas beaucoup plus de cinq minutes.

Elle avait à peine posé le pied au sol que deux hommes jaillirent, comme sortis de nulle part, et la flanquèrent. Le plus vieux des deux l'apostropha.

— Commissaire Divisionaire Van Der Steen ? Nous sommes là pour vous escorter.

— Ça ne sera pas nécessaire, je connais le chemin, répondit-elle en souriant.

— Ne rendez pas les choses difficiles. Ce n'est pas une proposition.

Elle se renfrogna et leur emboita le pas de mauvaise grâce, après toutefois s'être assurée que le nécessaire serait fait pour son bagage. Ils n'échangèrent pas un mot durant tout le temps que dura le trajet. Parvenus à destination, elle n'eut pas même à présenter sa plaque, les deux agents signifiant d'un signe aux vigiles que tout était en ordre. Ils la traînèrent le long de couloirs interminables, jusqu'à l'ascenseur au superbe tableau de commande en cuivre. Le plus jeune des deux hommes composa une combinaison complexe et la cage de métal les conduisit au cinquième sous-sol. Celui de la Direction des Opérations Spéciales. Ils la laissèrent pénétrer seule dans le bureau du Chef de la Division, Hubert Bonisseur de la Bath. Ce dernier l'y attendait, accompagné du Préfet Marie François Sadi Carnot, le Directeur de la Sûreté en personne, et d'un troisième homme qu'elle ne put identifier et qu'ils ne prirent pas la peine de présenter.

Le patron des opérations s'installa derrière un imposant bureau et l'invita à prendre place sur une chaise, face à lui. Sadi Carnot et l'inconnu occupaient deux confortables fauteuils, à la périphérie de son champ de vision.

— Donnez moi une seule bonne raison de ne pas vous reprendre votre plaque, annonça d'emblée Bonisseur.

— Juste parce que je ne vous ai pas rapporté cette fichue plaquette ? rétorqua Bobette.

— Ne le prenez pas à la légère. C'était l'objet de votre mission.

— Je le sais pertinemment bien. Mais elle gît maintenant au fond du bayou, le danger est écarté.

— Là n'est pas la question. Cet objet est un anachronisme, une abérration temporelle. Il n'a rien à faire ici.

Elle jeta un œil inquiet au troisième homme.

— Vous pouvez parler devant lui, enchaîna son patron. Callaghan est de la maison. Enfin, de votre maison.

Bobette le considéra avec méfiance. Elle ne l'avait jamais croisé lors d'une de ses missions, ni même au Centre. Lorsqu'il s'agissait d'établir un chrono-contact quantique, l'Organisation envoyait le plus souvent une figure connue de l'agent en mission. C'était bien plus facile que tous les signes de reconnaissance. Mais l'homme la rassura en lui balançant son holo-identifiant sous le nez.

— Ce n'est pas à moi qu'il convient de l'expliquer, reprit la Commissaire. Mais là où cette chose se trouve maintenant, elle ne risque pas d'être découverte. Et je ne vois pas comment j'aurais pu la retrouver, à moins d'affronter les alligators et de brasser des millions de mètres cube d'eau et de vase.

— Parce que vous l'y avez laissé choir !

Bonisseur avait frappé du poing sur la marqueterie. Il s'énervait.

— J'aurais voulu vous y voir. J'ai failli y laisser ma peau. J'en ai d'ailleurs littéralement perdu des lambeaux.

— Ce sont les risques et vous les connaissiez, reprit le chef opérations. Et vos excuses n'effacent pas votre échec. Je dois vous demander votre plaque.

— Si vous retirez leur plaque à chaque agent qui échoue, il ne vous en restera bientôt plus ! argua-t-elle, amère.

— S'il n'y avait que cet échec...

— Que voulez-vous dire ? s'offusqua-t-elle.

— Votre réputation vous précède. Vos méthodes peu conventionnelles, vos frasques avec l'adiministration pénitentiaire d'outre-mer, vos petites sauteries. Les morts qui s'accumulent dans votre sillage. Et... ce meurtre sanglant sur la personne d'un diplomate allemand.

Elle partit d'un rire un peu forcé, avant de se reprendre.

— Von Herpzmel ? Un agent allemand ! Sur le point de m'envoyer ad patres !

— Peut-être. Mais de là à le vider de son sang...

Elle pâlit, tandis qu'il reprenait.

— Vous devez comprendre que nous nous posons des questions. Vous semblez avoir échappé à tout contrôle. Même au vôtre ! Vous êtes suspendue de vos fonctions.

— C'est ça, lança-t-elle, hargneuse.

Elle jeta sa plaque sur le bureau et reprit de plus belle, en aboyant :

— Reprenez votre foutue plaque et renvoyez-moi chez moi, qu'on en finisse.

— J'ai bien peur que ce ne soit pas possible, reprit Bonisseur. Pas avant de comprendre ce qui vous arrive. Nous voulons vous examiner.

— Que voulez-vous qu'il m'arrive ? Si ce n'est de me révolter devant pareille bêtise.

— Gardez-votre calme, Madame Van Der Steen, intervint Sadi-Carnot. Nous faisons ça pour votre bien, et en totale coordination avec vos services.

D'un signe de tête, Callaghan marqua son assentiment.

— Il nous semble plus prudent de procéder à un bilan médical complet avant de vous rapatrier, ajouta-t-il.

— C'est ridicule ! éructa-t-elle. Si je dois subir des examens, que ce soit à mon époque ! La médecine ici en est encore à l'âge de bronze. Je serai bien mieux prise en charge là d'où je viens !

— Croyez bien que j'en suis désolé, répéta le Directeur. Mais encore une fois, tout ceci a été coordonné avec vos autorités.

Bobette frémit. Tout ça n'avait aucun sens ! L'Organisation n'avait jamais abandonné un de ses agents à un siècle de chez lui. Elle n'avait pas pu donner son accord sur une proposition aussi absurde. Si elle avait besoin de soins - surtout si elle avait besoin de soins - c'était dans les meilleures conditions qu'il fallait les lui prodiguer. Dans le futur. Enfin, dans son présent.

Son sang ce glaça. Et si... ?

— Vous n'aviez de toute façon pas l'intention de me renvoyer chez moi, n'est-ce pas ?

Personne ne répondit. Bonisseur se leva, imité par son chef. Mais elle n'en démordit pas.

— Tout comme cette plaquette. Vous comptiez la garder pour vous ! Il n'a jamais été question de la renvoyer d'où elle venait ! Et vous, vous êtes de mèche cria-t-elle à l'adresse de Callaghan. Combien vous payent-ils ?

Sadi-Carnot la contempla avec un sourire désolé, empreint d'une légère suffisance.

— Cet alliage aurait pu changer la face du monde, expliqua-t-il. La légèreté du balza et de la toile ombinée à la solidité de l'acier. Voire bien plus ! Imaginez le potentiel pour l'aérostation. Des dirigeables aussi puissants que des cuirassés ! Des forteresses volantes ! De quoi asseoir définitivement notre suprématie sur le Reich !

Bonisseur fit entrer deux agents en uniforme, l'un deux posa sa main sur le bras de l'ex-commissaire.

— Bobette Van Der Steen, vous êtes à compter de maintenant placée sous tutelle. Vous serez assignée à résidence à l'Hôpital inter-armées Clermont-Tonnerre à Brest.

D'un geste sec, elle dégagea son bras. Elle n'était que fureur.

— Très bien. Mais vous ne vous en tirerez pas comme ça, lança-t-elle à l'adresse des trois hommes. Et je vous en prie, épargnez-moi les menottes.

À suivre...

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2 chapitres de 6 minutes en moyenne
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En réponse au défi

Le voyageur imprudent

Lancé par Philippe Meyer

Je vous propose d'écrire un texte sur le thème du voyage temporel

Vous être libres du genre (pourquoi pas un poème ou un pseudo article scientifique, ue nouvelle de SF, un détournement)

La seule contrainte est que ce voyage est une conséquence néfaste pour soit le(s) voyageur(s) ou d'autre personnes innocentes ou pas !

à titre d'exemple, voici ma propre contribution (hors défi)

https://www.atelierdesauteurs.com/text/1474533701/ecrire-comme-ray-bradbury/chapter/750025

Commentaires & Discussions

Brest, 11 mars 1886. Le syndrome de Reinfield.Chapitre16 messages | 1 semaine
Paris, 8 février 1886. Le piège.Chapitre16 messages | 2 semaines

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