VOYAGE EN LA DEMEURE DU DOCTEUR MOON
-T h é â t r e-
PROLOGUE
…Al tse elle iuo eresim…Al tse elle iuo eresim…Al tse elle iuo eresim…
ACTE 1
(Seul sur scène, côté jardin, un vieil homme marche à l’envers, de même qu'il parle à l’envers. Puis, il s’assit dans un fauteuil où il grimace d’un sourire étrange. Au milieu de la scène, une table avec, autour d’elle, trois chaises. Dans un coin, côté cour, un sapin de Noël habillé de cheveux d’anges, s’illumine d’une guirlande électrique. Un autre homme, d’une quarantaine d’année, entre. Celui-ci marche dans le bon sens).
Lucien : La femme, est-elle là ?
Docteur MOON : Misère. Oui, elle est là.
Lucien : Ah...est-ce à dire qu’elle est revenue ?
Docteur Moon : À croire que cela te surprend ? Et bien pas moi.
Lucien : Et ça ne devrait pas ? Après tout, il me semble que, jadis, vous l’avez chassée d’ici.
Docteur Moon : Pour son bien et le nôtre aussi.
Lucien : L’avez-vous mise au courant ?
Docteur Moon : Mais, au courant de quoi ?
Lucien : Vous savez très bien de quoi je parle. Ce qu’il va advenir d’elle !
Docteur Moon : C’est de cela dont tu parles ?
Lucien : Oui.
Docteur Moon : Alors, non. Je ne lui ai encore rien dit.
Lucien : Ah... alors elle ne sait rien. Je veux dire qu’elle ne sait toujours rien ?
Docteur Moon : En effet.
Lucien : Eh bien, je crois qu’il serait de bon ton de la mettre au courant, non ?
Docteur Moon : Si tu trouves cela nécessaire, fais-le-toi.
Lucien : Rien ne m’y empêche !
Docteur Moon : Évidemment. Tu es libre Lucien.
Lucien : Et puis, il faut bien qu’elle sache.
Docteur Moon : Et toi, en homme hardi que tu es, tu vas tout lui dire.
Lucien : Oui.
Docteur Moon : Mais, dis-moi, en es-tu certain de cela ?
Lucien : Certain.
Docteur Moon : Car dans cette affaire, il ne faudra en rien omettre à lui dire toute la vérité ? Sinon, gare à toi !
Lucien : Oui, je sais. Mais ne vous en faites pas, je saurai tout lui dire. D’ailleurs, je sais comment lui annoncer la nouvelle.
Docteur Moon : Tu parles. Idiot que tu es, tu ne sauras rien lui dire.
Lucien : Non !
Docteur Moon : Vraiment ?
Lucien : Bien sûr.
Docteur Moon : Je n’en suis pas si sûr, moi.
Lucien : Pourquoi ?
Docteur Moon : Parce que tu n’es qu’un ignare sans cervelle qui n’est pas foutu d’additionner deux nombres ensemble. De là, comment veux-tu qu’elle sache.
Lucien : Ignare ? Je crois que vous me sous-estimez mon bon cher Docteur.
Docteur Moon : Tu sais ce que je crois…
Lucien : Non ?
Docteur Moon : …je crois plutôt que tu ne sais pas de quoi il en retourne. Voilà à ce que je crois.
Lucien : Eh bien, quitte à vous surprendre je vais de ce pas la retrouver, et nous verrons bien de quoi il en retourne.
Docteur Moon : (rire) Ah ! Ah ! Ah ! Quelle bouffonnerie, Lucien ! Quelle bouffonnerie tu me joues là ! (Rire) Ah ! Ah ! Ah !
Lucien : Rira bien qui rira le dernier ! Où est-elle cette fabulatrice ?
Docteur Moon : À l’étage, Lucien, à l’étage. Elle dort d’un sommeil profond dans un lieu de haute surveillance.
Lucien : Ma chambre ?
Docteur Moon : Oui, dans ta chambre. Tu as vu juste.
Lucien : Alors, je vais la réveiller et de ce pas.
Docteur Moon : Non ! Je te l’interdis ! Tu restes à ta place !
Lucien : Mais, Docteur Moon, je me dois de l’avertir. Je me dois de la sauver du mal qui va s’abattre sur elle.
Docteur Moon : Non, tu ne dois rien du tout. Rien !
Lucien : Alors nous sommes condamnés à rester ici jusqu’à notre dernier souffle.
Docteur Moon : Mon pauvre Lucien, tu as l’art de tout dramatiser. C’est fou comme tu as l’art de voir la nuit là où il fait jour.
Lucien : (En colère) Je vais la REVEILLER !
Docteur Moon : Je te l’interdis. Comprends-tu ? Je te défends de lui dire quoi que ce soit.
Lucien : On n’en finira donc jamais ! (Il s’écroule).
Docteur Moon : Relève-toi imbécile ! Tu me fais pitié !
Lucien (Sanglotant) : Impossible.
Docteur Moon : Quoi ? Toi tu pleures ? Tu pleures sous mon toit ? Cesse immédiatement de chialer, tu m’entends ! Un homme, Lucien, ça ne pleure pas. Un homme ça ne doit jamais pleurer. Jamais ! Maintenant, relève-toi et sèche-moi ces larmes.
Lucien (il se relève) : Vous. Vous êtes un monstre. (Lucien se remet à pleurer).
Docteur Moon (Exaspéré) : Bordel ! Tout ça n’est qu’une mascarade, Lucien ! Une mascarade pour m’attendrir encore une fois de plus ! Jamais tu ne seras en paix, hein ? Dis-moi, jamais tu ne cesseras de te faire souffrir ? (Il revient vers Lucien, énervé).
Lucien : Je suis une victime et vous un monstre.
Docteur Moon : Bien voyons ! Eh, regarde-moi. Pointe ton regard vers le mien. Vois-tu dans quel état tu me mets, Lucien ?
Lucien : Êtes-vous en colère contre moi ?
Docteur Moon (Sans rien dire, il s’éloigne) : Oui. Comment je pourrais ne pas l’être. Car, de toi à moi, je commence à en avoir vraiment plus qu’assez ! Ton comportement est d’une insuffisance sans nom. (Il revient vers lui) Encore une fois, je vais devoir sévir, Lucien, comprends-tu, tu ne me laisses pas le choix, je vais devoir te donner une bonne correction.
Lucien : Non docteur, pas de sévices, je vous en supplie. J’ai vu trop d’horreur aujourd’hui. (Il hurle) Trop d’horreur ! (Il s’effondre en larme une seconde fois)
Docteur Moon : Ah ! Mais, ça suffit maintenant ! Je ne supporte plus tes jérémiades ! Comprends-tu cela ? Chaque fois c’est le même refrain. Chaque fois qu’elle revient, chaque fois tu t’écroules en pleurant. Comporte-toi en homme, bon Dieu, tu n’es plus celui du temps d’autrefois.
Lucien : Je n’y peux rien. C’est plus fort que moi. J’ai vu trop d’horreur.
Docteur Moon : Trop d’horreur, dis-tu ?
Lucien : Oui, des choses atroces.
Docteur Moon : C'est-à-dire, quoi ? Un chat écrasé ?
Lucien : Non.
Docteur Moon : Alors un chien souffreteux ?
Lucien : Non.
Docteur Moon : Ou bien alors, un chat et un chien abandonnés ?
Lucien : Non, rien de tout cela.
Docteur Moon : Alors quoi ? Hein ? Quoi ? AAAAAAAH ! (Il hurle aux oreilles de Lucien)
Lucien (Lucien hurle à son tour en posant ses mains sur ses oreilles) : AAAAAAAH !
NOIR SUR LA SCENE. BRUIT DE TONNERRE. LUMIERE.
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