Les fêtes de Bayonne, c'est parfois le lieu de l'improbable, de l'épique, du fabuleux...
Je me rappelle de cette fois où j’ai fait ce que je n’avais jamais fait auparavant: j'ai mis deux euros dans la longue vue située côté Quai de Lesseps à l'attention des touristes. Après toutes ces fois où je m’étais demandé ce qu'on peut bien voir... et puis c'était pour me rincer l’œil et observer façon microscope toute cette faune urbaine à l’œuvre de ces fêtes de Bayonne.
J'avais la louable intention de ne faire que zyeuter la rive gauche et m'en amuser mais c'est tout autre chose qui se passa: mes yeux ce soir-là se sont posés sur la fille la plus attirante qui soit. J'étais devenu malgré moi le voyeur d'un instant où elle se penchait pour se rafraîchir à une fontaine. Les traits de son visage définissaient une femme au charme pénétrant, avec un air un peu mutin et une féminité toute en subtilité. Ses cheveux joliment relevés dévoilaient un cou gracile.
Mais alors que j'avais cette impression d'avoir au bout de ma longue vue une sirène qui commençait à peine à pousser son chant hypnotique dont je me délectais, un pickpocket entra en scène et lui déroba en toute discrétion son porte-monnaie qui dépassait de la poche de son pantalon. Quelle était la probabilité que mes yeux se posent sur elle? Et qu'un voleur la choisisse exactement en même temps que je l'admirais ? Sûrement autant que je mette une pièce de deux euros pour quelque chose que je n'avais jamais fait de ma vie.
Et bien, me dis-je, c'est qu'il s'agissait d'un jour pas comme les autres, et que c'était à mon tour de bousculer le destin.