Le couloir est un tumulte de rires, de voix, de cris et de pas précipités. Des élèves passent en courant, d'autres se bousculent en plaisantant. Certains restent pendant que d'autres sortent. Différents groupes se forment et se défont au gré des conversations. Se saluant amicalement , échangeant quelques gestes d'affection.
C'est le bruit habituel d'un lycée en pleine effervescence.


Au milieu de ce chaos, une silhouette solitaire avance, discrète, presque effacée. Elle marche lentement au centre du couloir, sans bruit. Ses pas glissant presque sur le carrelage.

Trop calme. Trop silencieuse.

Ses cheveux lui tombent légèrement sur le visage, le cachant. Sa posture est droite mais renfermée, comme si elle voulait se fondre dans le décor. Ses doigts crispés sur les bretelles de son sac. Habillée de noir, bien trop large pour sa carrure, passe sans se retourner.

Quelques regards se posent sur elle. Personne ne l'arrête. Personne ne lui parle.

Ce n'est pas qu'ils ne la remarquent pas, au contraire.
Son silence et son regard vide attire l'attention. Mais personne n'ose l'aborder. Elle semble ailleurs, intouchable. Comme si rompre ce silence risquait de la faire disparaître ou de la briser.

Les échanges se poursuivent, portant sur tout et rien : des cours, des professeurs trop sévères, des sorties du week-end.

Mais elle ? Elle ne dit rien. Jamais.

La silhouette s'enfonce dans le couloir, s'éloigne du brouhaha sans un mot.

Et comme à chaque fois, le couloir reprend vie derrière elle, comme si elle n'avait été qu'une ombre passagère. Les regards se reportent sur les personnes présentes. Plus rien n'interpelle, on oublierait presque son passage. Elle ne marque ni les lieux ni les esprits. Elle laisse simplement une petite sensation d'un oubli. Comme on pourrait se dire: J'ai la sensation d'oublier un truc et que ça pourrait être important, mais je ne sais pas quoi...