Dans les champs battus par le vent, sous un ciel teinté de sang, il marche... L’épouvantail. Une légende née de la vengeance, un cauchemar tissé de paille et de haillons.

Timmy, seize ans, se tenait à la lisière du champ, là où les ombres des épis se confondaient avec celles de la nuit. L’air était lourd, chargé de l’odeur âcre de la terre et du bruissement sinistre des feuilles. Ce même champ, il l’avait parcouru mille fois, d’abord en jouant enfant, puis en rêvant d’aventures. Mais ce soir, il n’y avait ni jeu ni rêve, seulement une peur viscérale.

Les rumeurs avaient commencé au lycée, des murmures presque anodins dans les couloirs : des disparitions, des corps retrouvés mutilés dans des champs voisins. Au début, il avait ri, comme tous les autres. "Ça ressemble à L'Épouvantail, ce vieux dessin animé, non ?" lançait-on entre deux cours. Mais plus les jours passaient, plus les coïncidences devenaient troublantes.

Timmy connaissait bien L'Épouvantail. À douze ans, il avait bravé l’interdit de son père pour regarder la série horrifique. Il se souvenait encore de cet épisode où l’épouvantail avançait lentement vers une ferme délabrée, sa faux rouillée brillant sous les derniers rayons du jour. Il se souvenait aussi du claquement de la télé éteinte, des gifles de son père, et de la promesse qu’il retrouverait l’écran à ses seize ans.

Et maintenant, il avait seize ans. La télévision était revenue, avec elle la nouvelle saison tant attendue de L'Épouvantail. Mais il y avait autre chose, quelque chose de plus sombre : les disparitions, les cris entendus au loin, la sensation oppressante que la légende avait dépassé la fiction.

Timmy leva les yeux vers les rangées de maïs qui s’étendaient devant lui. Le vent les faisait plier, mais quelque chose bougeait différemment, quelque chose d’anormal. Une silhouette se dessina au loin, décharnée et vacillante.

La voix de son père lui revint, lointaine mais ferme : "Les légendes ne sont que des histoires, Timmy. Rien de plus." Pourtant, son cœur battait à tout rompre, et un frisson glacial lui parcourut l’échine.

Le dessin animé était une fiction, oui. Mais ce champ, cette nuit, cette silhouette... tout cela était bien réel.


(Chapitre poster n'importe quel jour, pas ma priorité absolu)